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Les Suds à Arles : Le festival qui vous fait du bien

De quoi avons-nous besoin ? Les festivals en France, c’est pas ce qui manque et il faut dire qu’on y a pas mal roulé notre bosse. Les zones libres, les grosses tribus, les best of de grandes surfaces, les polémiques métalliques, les faiseurs de tendances ou les faiseurs de poches… autant de raouts différents que de stations de métro avec des noms de bonshommes. On a donc passé une semaine tout aux Suds pour sentir le vent de celui-ci à la recherche de son identité.    

L’été est toujours l’occasion de sillonner la France pour voir du pays, changer d’air et surtout tanguer d’un festival à l’autre. Et quand on parle de voyage, rien de plus pertinent que de larguer les amarres en Provence mi-juillet, à l’abri d’une course de vélo ou d’un défilé militaire, pour faire un plein de musiques aux allures de tour du monde. Car les Suds à Arles défend les musiques actuelles avec un passeport en or. Des papiers tellement timbrés qu’ils tiennent plutôt du laissez-passer. Y vagabonder la semaine, c’est s’en mettre jusque-là de lives exceptionnels d’ici, d’ailleurs, parfois très rares et souvent servis par une délicieuse acoustique.

Le festival relie ces étranges lignes qui veinent le monde célébrant de multiples identités autant que nos identités multiples. Frontières sanctuaires ou traits de désunion, les lignes dont on parle ceinturent parfois malgré eux ces Suds qu’Arles aura fait briller encore, toujours et pour la 28ème fois. L’occasion de célébrer ce qui nous rassemble et ce qui nous distingue, sans contradiction. Musique savante, dansante, jazzy ou patrimoniale, la programmation épatante de cette édition aura offert à 41 000 spectateurs de grands frissons de découvertes. Carton plein.

Entre deux Pac à l’eau, on navigue dans les ruelles de la cité vers le desert blues de Tinariwen au somptueux Théâtre Antique, on découvre le maloya radical de Maya Kamaty dans un jardin au bord du Rhône, on célèbre le laïko disco des Deli Teli place Voltaire, et on se tait au sommet du zarb devant la famille Chemirani dans la cour de l’Archevêché.

Tellement refait·e·s d’avoir passé la semaine sur les chemins du monde, on jubile de s’être frotté·e·s à tant de sonorités, épuisé·e·s – il faut le dire – par autant d’émotions.

Retrouvez nos focus sur Tinariwen, le Trio SR9 et le Tablaboxing d’Ilyas Khan.

 

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Moment Precieux © Florent Gardin

Si désormais reposé·e·s, on se sent mieux qu’en partant, c’est parce qu’on a tangué avec les Nana Benz du Togo mardi, pleuré devant Sílvia Pérez Cruz le mercredi, soulevé le sol jeudi sur le dj set de Pö (du collectif Nyege Nyege), vibré vendredi aux harmonies du Trio- SR9 et transpiré samedi au live “très arrosé” de Turfu. C’est aussi grâce à tous ces concerts gratuits en accès libre, pour les stages, les docus et la radio qu’on aime si fort ce festival d’un autre genre. On repart les batteries à bloc pour un an de rave, de pogos et de freestyles qui résonneront forcément avec les virtuoses, les causes et les osmoses musicales que nous avons vécu là-bas aux Suds.

 

Nana Benz du Togo au Théâtre Antique © Rosalie Parent

Nana Benz du Togo © Arnold Aanani

Sílvia Pérez Cruz au Théâtre Antique © Rosalie Parent

Sílvia Pérez Cruz © Rosalie Parent

Les Égarés (Sissoko, Ségal, Parisien, Peirani) au Théâtre Antique © Rosalie Parent

Les Égarés (Sissoko, Ségal, Parisien, Peirani) © Rosalie Parent

Maya Kamaty au jardin Hortus © Florent Gardin

Maya Kamaty © Florent Gardin

 

Alors non, ce n’est pas le festival idéal pour ventre-glisser dans la boue, hurler « APÉROOOO » dans les allées du camping, slamer dans la fosse, en garder pour l’after ni brailler le dernier couplet de Gazo sur une story chahutée. C’en est un idéal cependant – entre ces chouettes projets de vie – pour savourer notre amour de la Musique et de ses multiples expressions, pour une écoute plus délicate et des moments plus précieux, quitte à s’aventurer en terre inconnue. Ne dit-on pas que la Musique est une boule à facettes dont chaque genre isolé ne serait qu’un triste bout de miroir. Non ? Bah nous si.

Ceci étant dit, maintenant qu’on a fait corps de nos sourires, de nos danses et de nos claps avec ces nobles combats parfois bien lointains, gardons le rythme. Alertons-nous des vapeurs rances qui saturent l’espace public, médiatique et politique à domicile. Témoins de ces maux d’ailleurs dont certains nous dépassent, jouons de cette ardeur collective pour combattre – chez nous – la haine décomplexée, le mépris banalisé et la violence uniformisée dont les actes et les idées délitent un peu plus chaque jour notre capacité à faire société. Une semaine pareille doit aussi donner le goût de l’autre, de l’écoute et de la découverte.

De quoi avons-nous besoin ? De plus de poésie, de plus d’échanges, de surprises et de sourires. Il se pourrait donc – enfin – que nous ayons besoin d’un peu plus de Suds à Arles.

Scene En Ville Place Voltaire © Stephane Barbier

Scène en ville Place Voltaire © Stephane Barbier

© Florent Gardin

La Matinale Radio © Thierry Gautier

© Florent Gardin

Photo de fin © Florent Gardin – Photo de couv © Kevin Lamy
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