Le premier album de The Chase se fait doucement et sagement attendre. Révélé par une grâce cathodique, le combo pourrait bien replacer Montpellier sur la carte pop.
Le premier album de The Chase se fait doucement et sagement attendre. Révélé par une grâce cathodique, le combo pourrait bien replacer Montpellier sur la carte pop. Mais attention, il s’agit là d’une pop en trompe-l’œil, où le grand soleil peut cacher une averse. Une interview de Cyril Douay, leader du groupe, est aussi l’occasion de (re)découvrir aussi leur clip et un medley annonciateur d’un disque qui, bien qu’inégal, recèle de tubes en puissance.
Montpellier bénéficie de 300 jours d’ensoleillement par an. ça expliquerait donc le coté lumineux et léger du disque ?
Si tu écoutes les textes, ils sont plutôt sombres. J’aime les contrastes entre le texte et la musique. Ça donne plus de relief aux chansons. Mais je pense que nous aurions pu faire cette musique en habitant un peu n’importe où !
Tu as dis que l’idée première était de « faire danser les gens« . Laquelle, selon toi, atteint le mieux cet objectif ?
Sur l’album, des chansons comme « Butterfly (in my stomach) » ou « S.O.S. save our dough » sont celles qui me donnent le plus envie de danser. Sur scène, c’est plus « B.I.G. C.I.T.Y. ».
Le producteur Mark Plati est prestigieux (David Bowie, The Cure, Alain Bashung, etc.). Quel a été précisément son apport ?
Les chansons ressemblent beaucoup aux maquettes que j’avais réalisées dans mon studio. Mais Mark a su les faire sonner comme elles le devaient. Il a réussi à trouver un son cohérent qui manquait peut être au départ. Il a aussi beaucoup travaillé avec Sophie sur l’interprétation, le texte et le groove du chant. Il s’est beaucoup impliqué dans The Chase, allant même jusqu’à venir à Montpellier pour travailler avec nous. Un type simple et adorable, et très pro. Notre rencontre avec lui a tout déclenché.
Comment par exemple, une chanson comme Marianne, très réussie, est-elle née ?
En général, je trouve l’air de chant en premier, puis je construis la musique autour. Pour « Marianne » c’est l’inverse. J’avais cette ritournelle de rhodes, composée très rapidement. La mélodie de la voix s’est posée naturellement dessus. C’est bizarrement le rythme qui a pris beaucoup de temps à se mettre en place. J’avais composé une batterie qui ne me plaisait pas, très swing. J’avais même laissé la chanson de côté, je trouvais que ça ne fonctionnait pas comme ça. Et puis un jour je l’ai ressortie du tiroir, et j’ai essayé une batterie avec un tempo deux fois plus lent. D’un coup la chanson a pris une dimension totalement différente, avec cette basse très « chanson française » et cette ritournelle qui me rappelait un manège, une fête foraine. Le texte parle de ce symbole emblématique de la république, la Marianne.. qui représente des valeurs qui ont voyagé un temps tout autour du monde, et qui aujourd’hui ne veulent plus dire grand chose.
Le risque, dans cette pop-là, n’est-il pas d’en faire une gourmandise trop sucrée par moment ?
Peut être, c’est encore trop tôt pour moi de m’en rendre compte. Je voulais faire un disque avec plein de surprises dans les arrangements, un disque qu’on découvre petit à petit, avec plusieurs couches.
Les 3 grands tubes pop que The Chase aurait aimé composer ?
C’est une question difficile car il y en a plein, et ce ne sont pas forcément les chansons les plus connues que je trouve les plus belles. Le premier qui me vient en tête est « Golden brown » de The Stranglers.. Ensuite je dirais « Instant street » de dEUS pour cette fin qui prend les tripes. Et « Take it easy » de Ghinzu. Et « Dance Dance Dance » de Lykke li ! Je sais, ca fait quatre.
Un p’tit mot sur la scène montpellieraine ? Vivante ? Morne ? Rock ?
Un peu de tout ça ! Il y a énormément de groupes, de musiciens. Mais il n’y a pas à proprement parler de scène montpelliéraine, comme à Clermont-Ferrand Ferrand par exemple. Les groupes évoluent tous en parallèle, pas réellement ensemble, autour d’un lieu emblématique. Il y a toutefois une petite scène rock assez active, autour de groupes comme Marvin, qui tournent énormément. Et un collectif, La TAF, qui essaie de faire bouger les choses. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Montpellier est une ville de passage, très étudiante. Ce qui lui donne une image jeune et dynamique, mais qui, de fait, ne permet pas encore de créer quelque chose qui dure dans le temps, car les étudiants ne restent pas et repartent après leurs études. Mais actuellement il est en train de se passer quelque chose, des collectifs se montent, et on sent une réelle envie que les choses avancent.
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