Il y a une semaine, on a reçu une lettre à la rédaction. Elle était signée d’un petit céleri, qui se proposait de couvrir Dour pour notre média. Son nom ? Rave. Le voilà en Belgique, accréditation autour du cou, et souvenirs plein la caboche. Après le Jour 1, voici donc le Jour 2.
Réveil compliqué en ce jour 2 à Dour où la mémoire de mon ancienne vie m’a hanté dans mon sommeil. Andalousie, je me souviens de ce temps où j’étais parqué, les branches lissées, le corps poli aux pesticides dans ma serre, prison de verre et d’acier.
Sortie de terre. Un tour à l’arrosoir et me voilà en route pour les festivités. Je commence à avoir mes petites habitudes. D’abord, je vais me frotter dans un petit coin en bord de la scène Boombox où la concentration d’humus est la plus élevée du festival. Puis, je me sustente de quelque rosée stagnante de fond de flaque, vestige des restes de la biodiversité qui régnait avant l’installation de la scène Red Bull.
Mais je m’égare, et Sourdoreille va bien le voir si je n’en branle pas une à machouiller ma tige, en regardant les fraîches brindilles juillettistes. Je commence donc ma journée musicale par une session dans le mur du son du Dub Corner en compagnie de l’éternel Reggaebus Soundsystem dont les membres joueraient, selon la banane plantain à ma droite, depuis 27h sans interruption.
Comme il ne me dit rien qui vaille de rester aussi longtemps dans cet insondable vortex, je traverse le festival pour rejoindre les géniaux punks de Mountain Bike, dont mes employeurs du week-end m’avaient vanté les mérites. Là dessus, je profite du premier pogoteur venu pour lui chouraver son accès scène. Ni une ni deux je roule en direction de La Petite Maison Dans La Prairie pour aller faire ma groupie en fond de scène pour admirer la tignasse chevaleresque d’Alex Cameron. Quelle beauté.
C’est devant Little Simz que je sirote ma première pinte fraîche et un festivalier visiblement interloqué de ma présence me fait remarquer que le céleri se consomme aisément bien cuit. Il ne m’en faut pas plus pour apprécier le talent hors normes de la MC anglaise. Quand quelques heures plus tard, Nas débarque sur scène, ma tige se met à balancer de haut en bas et j’entends à nouveau la bande-son de ma croissance, alors que je n’étais qu’une innocente racine, les hauts-parleurs de ma serre beuglant l’immense album Illmatic du rappeur de Brooklyn.
A partir de là, ma mémoire flanche. Je me suis endormi telle une autruche au beau milieu de la pelouse, loupant Trentemøller que je m’étais juré de voir. A mon réveil, je rattrape le temps perdu et ne bouge pas de la scène techno en enchaînant sans peur les sets de Blawan et Nina Kraviz d’une traite. Pendant 4h, soit 239 longues années de céleri.
Mon corps devient bosselé, et il va falloir que je me procure une nouvelle tige. Je profite du premier nid de poule pour me photosynthétiser le bulbe. Rideau.
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Vous n’avez rien compris ? C’est normal, vous avez loupé le début de l’aventure du céleri ici.
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