A la chapelle St-Jacques de Vendôme, avec l'Américain et ses fidèles.
Lorsque Vendôme et sa grisaille reçoivent Bonnie Prince Billy dans l’église Saint-Jacques, le spectateur dans la file d’attente de cette rue aux allures médiévales peut imaginer les rois venir écouter des cantiques quelques siècles auparavant.
C’est une cour de sosies contemporains qui entoure un Will Oldham aux allures de Malkovitch. A sa droite, un guitariste entre Lennon et le leader de MGMT renvoient les chœurs à une jeune M.I.L.F. Vêtue tout de noir, faussement coincée et coiffée d’un chignon strict, tout est en opposition au sex appeal qu’elle dégage. Nos hormones en oublieraient que le coffre de mademoiselle – mélange de force et de sensibilité – aurait mérité une place supplémentaire dans des duos avec le viking du Kentucky.
La puissance vocale de l’imposant leader, qui aura mis une heure avant d’adresser un premier mot aux fidèles, sort visuellement du ventre. Outre son placement, les curieux auront noté qu’au moment où il lâche sa gratte, sa main droite ne peut s’empêcher de mimer le toucher des six cordes. Physiquement ou musicalement, Bonnie Prince Billy ne dégage rien d’un groupe de troubadours.
Devant la nef – dont on regrette qu’un drap noir ait caché un riche potentiel de jeu de lumières – le sextuet a flirté entre folk, country et blues spirituel. La contrebasse utilisée sommairement à la manière d’un violoncelle et le pianiste usant d’un clavier diatonique accentuent cette aura. Cantique, on vous dit.
25 ans après la rencontre inter-religieuse initiée par Jean-Paul II, les anges de la folk-country et du blues ont laissé place à un titre reggae. Les liturgiques purs et durs se sont rassurés puisque Bonnie Prince Billy a égrainé ses textes mélancoliques où la détresse amoureuse n’est pas restée à l’autel. Le curé a apprécié.
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