Quelle plus belle ambition pour un artiste que celle d’installer une atmosphère dans chacune de ses compositions ? S’il fallait déterminer une marque de fabrique à ce trio venu de Manchester, ce serait pourtant ça : dans un créneau rock ultra-saturé et au cœur d’une ville qui en a vu d’autres, I Am Kloot impose ses propres variations. Un micro-climat qui sait résister aux courants.
Voilà un groupe dont peut tomber amoureux la bonne moitié des ingénieurs du son de cette planète. Parce qu’on insistera jamais assez là-dessus : la production de chaque disque d’I Am Kloot est d’une finesse inouïe, à 10000 lieux de ces centaines de groupes obsédés par un son qui doit remplir des stades. Pourtant, I Am Kloot occupe l’espace, lui-aussi. Mais à sa manière, toujours avec l’appui précieux à la production de Guy Garvey et Craig Potter, du groupe Elbow.
Beaucoup d’entre vous ne sauront pas traduire en français ce que veut dire ‘I Am Kloot‘. Et quand on apprend la traduction, cela vaut mieux comme ça. On vous laissera donc chercher par vous-même, tant il va à l’encontre de l’idée qu’on se fait d’un groupe aussi élégant depuis maintenant plus de dix ans. Car pour son leader John Bramwell, le bassiste Peter Jobson et le batteur Andy Hargreaves, l’histoire a démarré en 2001 avec leur plus grand disque à ce jour : « Natural History ». Un véritable coup de maître qui vaut encore à I Am Kloot une partie de sa côte d’aujourd’hui.
Deux ans plus tard, le groupe enfonce le clou avec un superbe disque éponyme qui contient son lot de pépites à vous foutre le bourdon bien comme il faut. Mais la face plus sombre de cet album-là a depuis quelque peu disparu. La musique du trio prend désormais l’air, et ce « Let it all in » laisse entrer davantage de lumière. Sans jamais se défaire, pour autant, d’une mélancolie qui forge l’ADN du groupe. Ce nouvel album en est la parfaite synthèse, avec même quelques titres à la grandiloquence plus assumée. Hold Back The Night, par exemple, a une amplitude dans ses arrangements et un lyrisme auquel le groupe nous avait peu habitués. Nous, on préfère I Am Kloot dans ce qu’il a de plus intime. Même si Some Better Day, le titre ci-dessous, reste, avec son inattendue trompette, le plus beau titre de l’album pour vous faire passer une bonne journée. Il illustre peut-être le mieux ce qu’est le I Am Kloot d’aujourd’hui.
De toute évidence, John Bramwell et ses amis semblent se contrefoutre des modes. Leur amour évident pour les sonorités jazz les renvoie parfois à une autre époque. Peut-être cela vaut mieux ainsi. En tout cas, en France, c’est peu dire qu’I Am Kloot n’a pas l’attention que ses disques méritent. Tant pis pour nous.
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