Avec « Hello Strange », les Girls in Hawaii s’aventuraient sur un terrain périlleux : sortir un disque…sans nouvelle chanson. Une relecture en acoustique d’un répertoire que ces surdoués de l’arrangement ont pris un malin plaisir à imaginer.
Billy Corgan, l’âme des Smashing Pumpkins, disait lors de l’enregistrement d’un album acoustique qui ne verra ensuite que partiellement le jour : « Une grande chanson se juge sur sa dimension acoustique car la mélodie est mise à nu« . Aussi cinglé soit-il, le Billy prouve ici qu’il ne dit pas toujours n’importe quoi. Près de quinze ans plus tard, l’adage tient toujours et s’appliquerait presque parfaitement aujourd’hui à ce « Hello Strange » paru le 17 novembre dernier. Les Girls in Hawaii y revisitent leurs trois albums en relevant de nouveaux défis, comme laisser entrer de nouveaux instruments tels que des marimbas, des harmonicas, un vibraphone ou même un harmonium. L’exercice n’est pas tout à fait nouveau pour eux. En 2008, ils avait déjà offert des versions acoustiques de leurs chansons au public du Botanique à Bruxelles ou de l’Opéra Royal de Liège.
Alors, vous savez depuis longtemps ce qu’on pense de ces gens-là. On avait presque tout dit ici. Seulement, à cette époque, on ignorait qu’ils allaient prolonger à ce point notre plaisir. Car quand les Belges repensent leurs chansons, ils décident de ne casser aucun mur. On ne rase pas ainsi un ouvrage si délicatement construit. Ils ne se contentent pas non plus de refaire la déco de certaines pièces. Non, eux préfèrent simplement se déplacer, sortir par la porte d’entrée et tenter un tour du propriétaire pour s’offrir de nouvelles perspectives. Avant de quitter les lieux, ils ont cependant pris soin d’ouvrir toutes les fenêtres. Déjà, en 2008, Girls in Hawaii avait appelé son disque « Plan your escape ». Désormais hors de leur maison, le regard évolue. Depuis ces fenêtres, le point du vue n’est plus le même, l’angle a changé. This Farm will end up on fire, formidable titre d’introduction du deuxième album, s’allège et transforme ses tunnels initiaux en de nouvelles terres accueillantes.
Depuis ses premières notes, le talent de Girls in Hawaii a toujours été de magnifier ses mélodies par les arrangements. C’était déjà la grande force de son dernier album ‘Everest’, qui n’a pas été encensé par tout ce que ce milieu compte de médias musicaux pour rien. La manière dont Rorschach, par exemple, a été revu et corrigé résume tout et convertirait les plus sceptiques à la puissance mélodique de compositions qu’on sait, pour la plupart, écrites avec les tripes. Se donner à voir avec ses faiblesses et son cœur meurtri : pour les Girls in Hawaii, c’est ça, être un homme.
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