Il est un festival qui sait réfléchir à deux fois avant de monter son bazar et d’appeler ‘festival’ son événement. Il est un festival qui ne vise pas à amasser les gens en leur faisant les poches autour d’artistes qu’on peut voir 41 fois dans le même été. Non, certains cogitent et cherchent à faire sens, avec leurs moyens.
C’est le cas du Maad93, structure qui fédère les principaux lieux de musiques actuelles en Seine-Saint-Denis. Refusant la morosité financière ambiante, ces différents acteurs (Canal 93, Le Triton, Mains d’Oeuvres, etc) ont décidé en 2011 de se rassembler pour monter le Maad in 93. C’est quoi, le Maad in 93 ? Un festival créé pour favoriser la création, la vraie. Ici, le projet artistique est clairement de remettre la rencontre entre artistes au centre des débats. Chaque projet présenté est le fruit d’une collaboration entre deux artistes/groupes de 93. Ainsi, l’électro hip-hop barré des Fowatile va rencontrer le rock nostalgique des Mrs Good. Une confrontation futur/passé déroutante, mais plutôt excitante. C’est ce samedi à Tremblay à l’Odéon sur la scène Roger Caussimon, et voici une vidéo des répétitions :
Alice Roger, coordinatrice du Maad93, nous explique la mécanique de ces rencontres : « Il s’agit de concerts exclusifs et éphémères. Ils sont le fruit de la rencontre entre deux groupes ou musiciens talentueux implantés dans le département qui bénéficient de quelques jours de répétition avant la date (1 à 5 jours). Le temps de création a débuté pour certains artistes avant l’été, pour d’autres fin août début septembre. Ce temps de résidence a été jugé insuffisant pour donner pleinement forme à la rencontre pour les dates qui n’ont été précédées que d’un à deux jours de répétition. » Notons également que des artistes confirmés tels que Cyril Atef, Magic Malik, Laurent De Wilde font partie de ces porjets, aux côtés d’artistes davantage en émergence.
Clairement, les organisateurs peuvent donc se targuer de mener une démarche qui tient la route : « Pour environ la moitié des lieux organisateurs, le festival MAAD in 93 est la seule occasion de porter une réelle création avec un temps de répétition rémunéré pour les artistes. L’événement contribue donc à la professionnalisation de ces structures tout en favorisant l’emploi et le développement de carrière des artistes professionnels : plus de 80 artistes impliqués pour un total de 243 cachets en 2012, environ idem en 2013. ». Voilà pour l’aspect professionnel et économique. Quand au volet artistique, Alice déclare qu’il « vise à s’affranchir de barrières stylistiques, à se risquer à des expériences artistiques originales qui rompent avec la programmation habituelle du lieu. »
OK, très bien. Une création exclusive et éphémère. Mais après, on peut envisager une suite quand même ? « Ces rencontres n’ont pas pour ambition de se pérenniser, mais nombreux sont les artistes qui ont souhaité poursuivre le travail commun engagé. Le spectacle jeune public 2012 de Toma Sidibé, Bruno Wilhelm et Nicolas Bruche au CECB a été re-programmé par la suite au Deux Pièces Cuisine. Marjolaine et Journal Intime (2012) vont recollaborer dans le cadre d’une série de concerts à l’Atelier du Plateau (Paris 19). ». Certains espaces de création s’inventent donc, parfois, un lendemain. Rendez-vous dans un an pour savoir si Demi Mondaine et Viktor Coup?K, ou si Brazuk et Automne Lajeat auront décidé de prolonger ce bout de chemin. « Quand la musique est portée à son plus haut niveau, les barrières tombent, c’est jouissif » conclut Alice. Et c’est une belle conclusion.
La programmation est à retrouver ici.
0 commentaire