Avec sa superbe interprétation de « Heart of Glass » de Blondie, Tiger Lion se place dans le clan très sélect des bons faiseurs de reprises. Et nous donne un bon cours de la cover pour les nuls.
Pour certains, les reprises sont avant tout un moyen de tourner dans les rades les plus proches et mettre son nom en Comic Sans MS sur une affiche A4 sortie tout droit d’une imprimante qui manque de couleurs. Dans la construction d’un groupe de scène, c’est un début : c’est la chance de se faire la corne des doigts sur des tubes « qu’on aurait pu composer si on avait eu l’idée » ; l’occasion de rendre hommage à nos héros ; la facilité de rassembler un public qui chante en chœur. Exemple entendu en concert : « Aaaaaaaaaaaaaah, mais c’est notre chanson ! »
S’il est facile de rameuter une audience convenable autour d’un petit « Wonderwall » sa guitare sèche en main sur le parvis pavé du lycée technique du coin non loin des groupes de fumeurs de joints et des joueurs de tarot généralement posés à deux pas des profs en crise de jeunisme qui tirent sur leur Gauloise sans filtre, force est de constater que l’art de la reprise n’est pas donnée à tout le monde. (Mais est-ce encore Wonderwall ? Ou est-on passé à Ed Sheeran ? Asaf Avidan ?)
Loin de nous l’idée d’uniquement taper sur ces lanceurs de blocus qui veulent éviter le cours d’espagnol, les grands de ce monde perdent eux aussi souvent des points dans l’exercice de la cover. D’un Wyclef Jean reprenant « Ne me quitte pas » de Brel pour rattraper un rap game qui ne veut plus de lui à une Zaz qui a réussi à faire de la complainte « Tous les cris les S.O.S » de Balavoine un hymne de la foire à la saucisse du Val, on n’est pas loin de la crise d’apoplexie aiguë. Et puis, ne débarquons pas, la Star’Ac était carrément avant-gardiste là-dessus.
C’est en ces termes qu’il convient de présenter Tiger Lion, groupe de pop franco-anglais menée par Clémentine Blue, le guitariste Geoffrey Papin et le batteur Dan Breaden. Honnêtement, s’il n’y avait pas eu cette superbe « cold » reprise du « Heart of Glass » de Blondie, on ne serait pas rentrés dans cette nébuleuse formée par des morceaux dreamy agréables-mais-sans-plus. Il n’empêche que désormais ce nom nous évoquera une piste d’évasion très sérieuse.
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