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Ellen Allien : « Notre époque est dingue, il faut choyer les gens en qui on croit »

Depuis plus de quinze ans, Ellen Allien règne sur la techno mondiale. Patronne d’un label référence (BPitch Control) qui a lancé la moitié des producteurs berlinois, DJ insatiable, elle est l’une des véritables icônes de la capitale allemande. La quarantaine bien tassée, elle continue de choyer les artistes de son écurie. De Paul Kalkbrenner à Apparat, de Modeselektor à Sasha Funke, de Dillon à Zander VT, tout le monde est déjà venu squatter plus ou moins longtemps chez la prêtresse aux pieds nus. Interview.

En 1997, tu as créé ton propre label, Bpitch Control, aujourd’hui référence mondiale de la techno. Tu te souviens dans quelles circonstances tu t’es lancée dans cette aventure ?
En 1997, Bastian Krondorfer du SO36 et moi avons commencé à organiser des événements sous ce nom. Deux ans plus tard, le label est né, avec cette volonté de rassembler un large spectre de musiques, de la techno bien sûr à l’indie comme Dillon à la house de Thomas Muller… Certains de nos artistes sont là depuis longtemps, d’autres sont partis entre temps créer leur propre label…

A quoi ressemblaient Berlin et la scène électro allemande à ce moment-là ?
La ville parfaite pour les clubbeurs, déjà à l’époque. Des fêtes folles qui ne s’arrêtaient jamais. Énormément d’artistes venaient s’installer à Berlin, pour quelques années. Certains sont restés et sont devenus de vrais Berlinois. C’est ce brassage incessant qui rend la ville excitante et lui donne cette fraîcheur. Sans ces expatriés venus s’installer, Berlin serait sans doute devenue un peu ennuyeuse. Mais tant que ce flux de gens créatifs continuera d’alimenter la ville, tout ira bien.

Dans quelle dynamique artistique t’inscrivais-tu alors ? Que voulais-tu apporter en plus ?
De l’espace, de la créativité, de l’échange avec d’autres artistes et une forte exigence. Créer une espèce d’îlot avec les artistes qui m’excitent et les porter.

Pensais-tu que, un peu plus de quinze ans plus tard, des artistes signés chez BPitch joueraient tous les week-ends aux quatre coins du monde ?
Oui, j’étais dans l’idée de créer un projet durable. J’aime voir les choses grandir doucement. Je ferai évoluer BPitch tant que je serai en vie.

As-tu déjà regretté, après coup, d’avoir défendu un artiste sur BPitch ?
Non, jamais ! Chaque artiste est une pièce de BPitch, on a écrit que de chouettes histoires avec tout le monde, on pourrait en faire un bouquin… Tu sais, c’est toujours particulier de voir un artiste grandir à tes côtés. Nous vivons dans un monde un peu dingue, c’est bien de choyer les gens en qui tu crois.

Des milliers de touristes viennent squatter les clubs de la capitale chaque week-end à Berlin. Pour toi c’est une fierté ou un phénomène de mode un peu chiant ?
J’en suis fière, bien sûr. C’est plutôt bien d’offrir du bon temps à des gens qui visitent la ville, non ? Quand je marche dans les rues de Berlin, j’aime voir toute cette diversité, sentir le mélange des cultures. Berlin a une histoire assez triste, tu sais. Ma mère est née pendant la Seconde guerre mondiale, quand je regarde le passé je me dis qu’on revient de loin. La dépression est loin désormais, Berlin rattrape sans doute le temps perdu et les gens viennent profiter de ça. Je suis très contente d’avoir participé à tout cette évolution.
Notre problème actuel est ailleurs ; c’est le Gema [Equivalent de la Sacem en Allemagne, et a décidé de hausser les tarifs de redevance, ce qui menace particulièrement les clubs, NDLR]. Certains clubs ne pourront même pas paye, et risquent de mettre la clé sous la porte. On se bat contre ça, j’espère que ça portera ses fruits.

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