Qu’il s’agisse clairement d’imitation ou d’un véritable mélange d’influences, le cinéma indien aka Bollywood a connu sa passe rock’n’roll. Comme quoi rocker comme Elvis Presley avec un turban, c’est possible.
1960. Après l’indépendance, le rejet de l’Occident et un nationalisme évident l’emportent en Inde. Les autorités restreignent l’import des instruments, des équipements musicaux divers ainsi que des productions occidentales dans leur ensemble. Bien que le pays ait été une colonie anglaise, la compréhension de l’anglais n’est pas vraiment répandue hors des grandes villes. Le prix des quelques productions musicales étrangères qui traînaient, malgré le boycott, était prohibitif. Autant dire que l’exposition de la population indienne à la musique occidentale était faible.
Pourtant, certains entendent parler de rock anglais et US. Ceux-là se procurent alors des vinyles par le biais de connaissances expatriées ou captent en cachette les fréquences de la BBC. Parmi eux, seuls de jeunes urbains assez riches pour se payer les équipements créent des groupes dont les sons sont empreints de garage et de psychédélisme. On peut s’attendre à autant de sitar que chez les Kinks, les Stones ou les Beatles – à l’époque très influencés par la musique indienne. Mais il n’en est rien. Les groupes de rock nationaux (The Combustibles, The Jets, The Savages…) chantent bel et bien en anglais et créent des formations classiques (sur le modèle basse-guitare-batterie) n’incluant pas le moindre élément traditionnel dans leurs sonorités. Alors qu’un peu partout ailleurs, les mélanges fleurissent entre 60′ et 70′, il manque une scène rock originale et affirmée en Inde (pas au Pakistan, ça, c’est une autre histoire). Ce que l’on peut trouver de fusion est limité à Ananda Shankar (le neveu de Ravi) et quelques autres figures.
Cela dit, peu de gens savent que des chansons de films (appelés filmi) s’y sont aussi brièvement risquées. L‘industrie de la culture indienne, dominée par la production des films bollywoodiens et leurs B.O., surfe un temps sur la vague du succès du rock à l’étranger. Le style a ainsi brièvement été repris par les producteurs de films. Les mêmes musiciens composant la musique hindi traditionnelle se sont attelés à la tâche de faire groover les jeunes comme dans les paysanglo-saxons. Bollywood se ré-approprie donc le rock y apposant sa patte indienne : tabla, sitars et chant hindi… Tout y passe. On vous laisse découvrir notre sélection mi-rock’n’roll, mi-hindi.
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