Fin juin, après avoir survécu à quatre douloureuses heures de train sans place pour ranger nos jambes, on a débarqué au festival Europavox. Sur la route, au fur et à mesure que les paysages défilaient sous nos yeux et que les immeubles s’effaçaient, le désir de se plonger dans le festival de Clermont-Ferrand avec sa dose d’artistes à succès et de têtes montantes de l’indé grandissait dans nos esprits aventureux. Récit.
Depuis 2006, le festival Europavox prend place à Clermont-Ferrand, à l’arrivée des beaux jours, investissant tour à tour l’emblématique Coopérative de Mai, le forum Polydome, et même le Stade Marcel Michelin pour la première fois cette année. Rien qu’en lisant la liste des lieux de fête, on comprend aisément comment le festival compte répondre à notre problématique : allier musique de stade et concerts intimistes.
Au programme on retrouve donc des noms capables d’attirer le plus grand nombre, mais aussi des pointures de la musique indépendante – au public forcément un peu plus restreint. Cette année à l’appel du premier groupe répondaient par exemple Manu Chao et M, et face à eux on retrouvait, entre autres, les Anglais d’Archive et la Danoise Agnes Obel. Pour finir, le festival a encore une fois tenu à entretenir sa réputation de défricheur de la musique européenne en plaçant à l’affiche de tout jeunes artistes plus prometteurs les uns que les autres.
C’est donc pendant que des groupes comme Deluxe ou Lamomali de M divertissaient la foule d’un côté du festival, qu’on a pu faire nos véritables découvertes. La grosse claque fut sans doute l’ouragan Shame qui clôturait la soirée Garage Club.
On vous parlait déjà de ces gamins d’à peine 20 ans en mars dernier et, comme prévu, ils ont sauté partout et le chanteur s’est mis à poil. On s’attendait moins à ce qu’il se verse la moitié d’une pinte, attrapée dans le public, dans le pantalon, et qu’il termine son concert assis sur les épaules d’un courageux volontaire. Soit dit en passant, après avoir diagnostiqué la folie du bassiste qui se roulait par terre, on est rentrés dans leur jeu et on faisait donc partie – contre toute attente – des cinq joyeux lurons à avoir participé au pogo miniature organisé au premier rang de la fosse. Normal. On attend maintenant leurs prochaines sorties et surtout leur prochain concert pour se salir à nouveau.
Dans un style un peu plus calme on retiendra aussi la prestation tout en douceur et en fragilité de la Suédoise Adna. Ses quelques morceaux envoûtants et pleins de sincérité ouvraient la soirée avant l’arrivée de la majestueuse Agnes Obel (interview) qui revenait jouer cette année au festival où elle avait fait ses premiers pas en France il y a 7 ans, alors que son premier album n’était même pas encore sorti. Tout un symbole. Elle clôturait là sa tournée avec un concert élégant et envoûtant.
Visiblement touchée par l’accueil de la salle où elle avait fait ces premiers pas, c’est avec la larme à l’œil qu’elle a remercié toute son équipe ainsi que le public venu en nombre l’écouter presque religieusement, si religieusement qu’elle fini par nous remercier d’être si silencieux tout en nous signifiant avec le sourire que nous n’étions pas obligés de l’être autant.
Enfin, nous aimerions avoir une pensée émue pour l’Italien Kiol qui faisait office de « fil rouge » du festival et qui a donc dû jouer une bonne dizaine de fois son court répertoire un peu partout sur le site du festival. Malheureusement même si ce martèlement ne nous aura pas vraiment convaincus, saluer sa ténacité et son enthousiasme nous paraissait être la moindre des choses.
Donc même si tout ne nous aura pas séduit, on notera que ce festival aura tenté d’innover et permis une année de plus au public d’une ville un peu enclavée comme Clermont-Ferrand de profiter de la venue d’artistes de renommée internationales dans une salle à taille humaine, et de découvrir les groupes de demain, parfois avant même leur venue à Paris. Et ce n’est pas rien, hein ?
Crédits photos : Yann Cabello
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