Afin de se rassurer, le retraité argue que la jeunesse se passe dans la tête. En partie… Arrêtez de vous mentir, une carte d’identité existe aussi pour rappeler que vous ne rajeunissez pas. Plutôt que de pleurer face à la difficulté à ne plus slamer deux heures durant comme lors de vos premiers festivals, aidez-nous à compléter cet inventaire.
1. Croire que tu peux encore boire de la vodka hard-discount sans avoir un pivert dans le crâne le lendemain. Et oser se poser cette question dont tu connais la réponse : « Pourquoi, avant, je pouvais en boire une bouteille et demie avec Karim et Max« . Tes potes qui ont arrêté les festochs en 1999. Pour la clôture du festival, tu te résignes à boire exclusivement de la bière. Et qu’est-ce qu’elle va faire de toi, la bière ?
2. Penser que les conseils anti-gueule de bois lus dans le magazine de ta femme puissent fonctionner dans une tente comparable à un spa dès 9h. Tu as certes noté que « boire un jus de kiwi après avoir bu beaucoup d’alcool régénère l’organisme ». Bien. Mais dis-nous où tu trouves ton jus de kiwi aux Vieilles Charrues ?
3. Avec dix kilos supplémentaires comparé à l’édition 2004, il est grand temps de contrôler ton alimentation. Pas besoin de consulter un nutritionniste pour te déconseiller le kebab. De là à demander un sandwich à la roquette et au tofu, il y a une limite que tu as franchi. Commande plutôt une galette-saucisse. Sans sauce évidemment.
4. Dire à ta voisine qui met en avant son 95C que t’as « un putain de souvenir du live d’Oasis en 1996 sur cette même scène« . Tu ressembles à un mauvais Philippe Manoeuvre. L’étudiante en psycho te rétorque qu’elle préfère le Coca et qu’elle est venue avant tout pour voir Beady Eye. Sauf qu’en « boloss », tu ne sais pas que Liam a reformé un groupe en 2010.
5. Imaginer que hurler « A poooil ! » fait systématiquement rire tes voisins. Tes potes ont souri à ta joke pendant douze ans. Faudrait penser à trouver une nouvelle accroche, l’ami.
6. Les courbatures ou la douleur récurrente depuis ton opération des ligaments croisés du genou ont beau apparaitre promptement, comment as-tu pu ramener ton fauteuil pliable ? Une grand-mère venue voir son rockeur de petit-fils, passe encore. Mais toi, tu souffres en silence en massant à l’arnica toutes les deux heures.
7. Lorsque qu’un mec portait un tee-shirt des Doors en 1989, tu prenais un malin plaisir à le traiter de vieux ringard avec tes potes. Aujourd’hui, tu te tais et sers fort le poing à entendre trois ados finissant leur mue ricaner de ton sweat-capuche délavé de No One Is Innocent.
8. Insulter un employé de la sécurité car il a grillé ton astuce pour passer ta liche. Tu aurais mieux fait de suivre nos filouteries. En plus, maintenant que tu l’as traité de tous les noms, le gros bébé de l’entrée a ton visage en mémoire. Tu ne rentreras pas non plus demain.
9. S’interroger sur l’intérêt d’aller aux Eurockéennes alors que les enfants de tes potes achèteront leur pass dans deux ans. A bientôt 48 ans, tes douleurs articulaires et la draguouille d’étudiantes affichant 31 ans de moins au compteur, ça mérite réflexion.
10. Supportez le regard du jeune. Oui, ce regard mi-empathique mi-désabusé de l’adolescent qui a envie de te demander « Mais qu’est-ce que tu fous là ?« . Lui et toi avez une peau infecte : biactol Vs Jack Daniels. L’une s’en remettra, l’autre pas. Et il le sait, ce jeune puceau.
Crédit photo : Shawn Perez
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