Découverte d'une des plus belles représentantes dans la chanson à texte française.
C’était il y a quatre ans, jour pour jour. Le 3 octobre 2008, dans une salle au sous-sol d’un restaurant lyonnais. Des amis insistent pour nous faire découvrir cette jeune artiste qui les a littéralement embarqués dans son écriture et sa musique. On connait leur flair, alors on décide de leur faire confiance. Se présente alors à nous une frêle et blonde demoiselle. Son public, pourtant bienveillant, semble l’effrayer. Quinze ans de danse pèsent si peu quand on a décidé de s’exprimer autrement. ‘Pas fragile’ est déjà le nom de cet EP qu’elle est venue défendre. Le même nom que portera plus tard son album, en cet automne 2012. ‘Pas fragile’, en guise de trompe-l’œil. Buridane ose sortir du silence et décide que ces textes qu’elle écrit depuis des lustres seront désormais interprétés sur scène. Le pas est franchi.
Ce jour-là, on prend date avec le grain si attachant d’une voix dont on décide de ne plus se défaire. Dès lors, on porte un regard attendri sur son parcours, qui ressemble à une lente et sereine progression vers la reconnaissance : Chantiers des Francos, Prix Adami, Coup de cœur Paroles et Musiques, le Fair. Tout s’enchaine avec l’évidence des succès programmées et implacables. Voilà pour l’apparence. Car derrière le voile, il y a surtout cette part salutaire de doute et de non-dit. « Tamponnée ‘pas fragile’ sur le paquet. L’emballage, c’est rien. Dedans, tout peut sauter. » Plus que n’importe quelle autre chanson peut-être, Le serment illustre le mieux ce qu’est Buridane, quelque part entre douceur et colère contenue.
La lyonnaise rappelle, par instants, la Pauline Croze des débuts. Dans cette mise à nu subtile, cette façon de vaincre une partie d’elle-même pour apprendre à regarder son public et jouer avec lui. C’est cette Buridane qu’on retrouve aujourd’hui, quatre ans plus tard, au moment de dévoiler enfin un premier disque à faire pâlir toutes ces chanteuses mièvres. Pour ne pas tourner en rond, elle s’est entourée de musiciens et a perdu en douceur ce qu’elle a gagné en nuances. Le petit bout de femme est définitivement sorti du cocon, elle qui « parle en disant ‘je’ car elle « n’a rien trouvé de plus honnête ». La scène est devenue un territoire conquis, d’où elle continue à nous chuchoter ses histoires. Avec les petites failles qui l’accompagnent. Parce qu’un diamant brut ne doit jamais être totalement taillé.
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