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Bow Low, rencontre avec des hipsto-ploucs

Derrière le côté punk et la bonhomie de Bow Low se cachent cinq Normands toujours partants pour aider les autres. Comme intervenir dans un collège de leur ville natale pour un projet radio, ou lors des concerts caritatifs (bientôt à Caen et Saint-Brieuc). En attendant des confirmations en festivals, la bande emmenée par Nicolas Camus a joué le 29 janvier à L’International (Paris) pour défendre son dernier EP Happy Hunting Undergrounds, aussi varié que réussi. Le public était-il peace and love, punk, fan de karaoké ou hipster ? Éléments de réponses autour de quelques bières à l’heure du goûter avec Nicolas et Manu.

Vous a-t-on déjà dit que votre morceau « Artemis« sonne très The Doors ?

Manu : On nous l’a pas encore dit car c’est tout nouveau, mais c’est clairement l’une de nos influences. Je dirai depuis toujours. Dans l’arrangement d’ « Artemis », c’est avoué.

Nicolas : Comme pour beaucoup de gens. Les Doors sont un groupe qui nous parlent et qu’on écoute depuis un bout de temps.

L’album va avoir cette ambiance 60-70’s. Ou ce serait aussi divers que les quatre titres de l’EP ?

M : Y’a un peu de tout. L’album, qui sort en mai, sera à l’image du 4 titres avec un peu de tout mais pas mal 60-70’s. Moins 80’s que l’album précédent.

N : Dans l’esprit c’est 70’s, dans le sens où l’album a été enregistré entièrement en live. Il y avait des fils et des micros partout, c’était le bordel.

M : Ce qui entre dans l’ordinateur, c’est ce qu’il y aura sur le CD.

Avez-vous conscience d’être un modèle pour fédérer une génération de hipsters ? En 2013, vous confiez à Libé : «On a habité à Paris pendant dix ans avant de décider de revenir dans notre bled. La volonté principale, c’était de retrouver un confort de vie, ce qui a eu ensuite un effet direct sur notre musique. A L’Aigle, nos compos se sont étoffées et spatialisées. Il y a aussi une volonté de réintégrer la musique en milieu rural. On vient de la cambrousse et c’est très bien comme ça. » Arrive la chute, véritable classe intégrale : « On ne dit même plus qu’on est de Caen pour faire genre, on est de L’Aigle ». Si c’est pas le summum du parisianisme…

M : (sourire) Ah ouais, quand t’étais aux chiottes, il a prévenu qu’il ferait un peu de rentre dedans.

N : Non, ça me choque pas, mais c’est que peut-être que le début. Après, on va pleurer (rires). Alors, comment te dire… (ton plantif). C’est une interview donnée à Libération, en effet. C’était ciblé sur des groupes… Oh regarde ! (Nico interpelle Manu alors qu’un barbu trentenaire passe sur le trottoir opposé à la terrasse du café), tu reconnais le mec là-bas ? C’est « M. Patchouli ». T’avais voulu lui péter la gueule parce qu’il t’avait dit que tu sentais le patchouli…

M : T’es sûr ? Ah oui, je l’avais pas reconnu… Ouais, enfin, c’est surtout moi qui voulais lui péter la gueule parce qu’il a… Bref, fais attention à toi !

Vous avez le don pour faire passer des messages…

N : Une autre question ? (rires) Pour te répondre, on n’est pas Parisiens, notre ville de naissance c’est L’Aigle, même si on est venu à Paris pour bosser. Un passage qui a duré environ dix ans. Finalement, ce qu’on a dit colle parfaitement avec le discours hipster parisien… mais sans le vouloir.

M : On a bien conscience d’être un peu des ploucs. On s’en amuse. Il vaut mieux revendiquer ce genre de choses.

Comment expliquez-vous qu’un ville de taille moyenne comme Caen sortent autant de bons groupes ? Je dis ça à propos du titre « Beelzebud », qui a un petit côté All Canibals. Cette impression existait avant de savoir d’où vous veniez.

M : Dans la région Bas-Normande (sic), il y a trois départements et quatre SMAC. Quatre gros endroits pour répéter et plein de concerts à voir. Tout ça encourage les gens à jouer de la musique. Les groupes de Caen s’influencent peut-être les uns les autres. Nous, on ne se revendique pas de la scène caennaise, pour d’autres raisons.

Pour quelles raisons alors ?

M : Parce qu’on n’est pas de Caen, mais de l’Orne. Dans notre région, on est vu comme des ploucs. Il n’y a peut-être que nous qui percevons ce truc un peu étrange.

En fait, vous vous êtes dit qu’en rentrant dans l’Orne, il n’y aurait pas de concurrence et que les femmes allaient ainsi forcément vous aduler ?

N : Y’a pas de gonzesses en fait (fou rire général).

M : C’est vachement mieux. On a toujours entretenu des liens avec les potes du coin. Puis, y’a la famille aussi qui est là-bas.

N : Quand t’as des enfants par exemple, c’est aussi plus simple de les faire garder par les grands-parents.

Kabuki Dance, bon tube dansant soi-dit en passant, vous l’avez écrit bourrés en Asie à la sortie d’un karaoké ?

M : C’est marrant et cool que tu dises ça, car c’est le morceau simple et efficace de l’EP.

N : Couplet-refrain.

M : Ouais, c’est ça. Avec un petit thème. Eh non, on n’était pas particulièrement bourré. T’étais bourré ?

N : La deuxième fois. Ça veut rien dire « bourrer la 2e fois » (rires). Pour écrire les textes, je me suis inspiré de la mélodie « palalali » qui sonne asiatique, limite kick drum. J’ai écrit le texte avec une petite logique nippone.

M : Ça l’est devenu. Si tu l’avais pas nommé Kabuki Dance, on aurait pu également croire que c’était une sonorité orientale. C’est la même gamme, en fait, utilisée aussi bien en Orient qu’en Asie.

A l’instar de Fakear qui a collaboré récemment avec l’orchestre de jazz Bibendum au Cargo (SMAC de Caen), vous avez joué avec l’orchestre d’Hérouville-Saint-Clair. Pouvez-vous nous en dire plus ?

N : C’est suite à un concours publié par le BBC, la SMAC d’Hérouville-Saint-Clair, pour fêter ses 20 ans. Le lauréat pouvait jouer son répertoire avec l’orchestre d’Hérouville. Il y a eu un long travail d’arrangement, de deux mois, avec l’arrangeur Stéphane Le Chien, dit Steeve the dog – c’est vraiment son surnom, sans déconner. On a fait trois répétitions avec l’orchestre, puis le concert. C’était super émouvant. Un peu comme dans un rêve.

Combien de musiciens vous accompagnaient en tout ?

M : En disant orchestre, on s’attend à un truc à la Portishead avec cent musiciens. Nous, ce n’était pas aussi impressionnant car on était dix-huit en tout, dont douze musiciens de l’orchestre. Et on a gagné leur avis, ce qui est l’essentiel pour nous.

Une machine permet de revenir en 1965, vous en profitez et y aller pour jouer avec Jim Morrison et les autres. Ou vous préférez rester dans le monde actuel ?

N : C’est difficile de se prononcer car 1965 est une période fantasmée, mais on devait autant se faire chier que maintenant. Si ce n’est qu’on pouvait baiser un peu partout.

M : C’est pas possible de vivre dans le passé, mais c’est bien de s’inspirer des bonnes choses.

N : Il faudrait revenir. Dans ta question, est-ce qu’on peut revenir avec la machine ?

Oui, vous pouvez aller et revenir.

N : Dix jours en 1965, ça serait super. Mais ça se trouve, la machine va paniquer. Hé !

M : Il faudrait donc attendre jusqu’en 2015. C’est un film ça! D’ailleurs, dans Retour vers le futur, ils sont en 2015. Bon, on n’a toujours pas de voitures qui volent.

Le choix pour composer était plus limité à l’époque, en comparaison des possibilités infinies qu’offre la technologie actuelle.

M : Pour faire de la musique en 1965, il fallait être le meilleur ou le plus fou. Il y avait aussi des fils de riches qui avaient la possibilité de ne pas travailler. Aujourd’hui, il y a des millions de groupes qui peuvent acheter du matos moins cher. Le plus cher maintenant, c’est de faire connaître ton groupe.

N : Tu ne communiques plus ta musique comme avant. A l’époque, c’était hardcore. Il fallait passer plein de coups de fil, envoyer un tas de cassettes. Attends, je suis même pas sûr qu’il y avait des K7 en 65. Aujourd’hui, il y a une telle instantanéité. T’enregistres dans ta chambre, tu envoies ta musique en deux secondes, etc.

M : T’es plus perdu dans la masse aujourd’hui, en revanche.

N : Ouais mais tu imagines, à l’époque, il fallait vraiment être chanteur pour chanter ou être un pur instrumentiste quand tu jouais de la guitare.

M : C’est le cas des musiciens en Afrique. Et nous aujourd’hui, on est loin d’être les meilleurs, mais on le sait.

N : Et on a Internet !

Ce qui permet de l’écouter à Paris.

N : Chez les hipsters.

Les jeunes ont un jeu de mots facile à faire avec votre nom. Alors, on vous a déjà traité de boloss ?

M : J’en ai entendu parler, mais on ne me l’a pas faite.

N : Si, si… Boloss. Pow Wow aussi, qui est un groupe normand.

M : On devrait répondre ça à la question con « Pourquoi Bow Low ? » – que t’as pas posée et on t’en remercie car ça fait dix ans qu’on nous demande – « Parce que Pow Wow ! ».

Quelle épitaphe vous ferait plaisir ?

M : Tu veux qu’on imagine ce que l’on écrira sur la tombe de notre groupe ? Bouhh, c’est rude comme question.

N : Si je ne m’abuse, ça n’existe pas une tombe pour les groupes.

Ben si, c’est juste une métaphore de hipster.

N : Ah oui, d’accord… (longue phase de réflexion) Si, j’ai un truc. Un mec qui s’énerve en prenant une grosse voix : « Faut rigoler là !». Ne cherche pas, tu ne peux pas comprendre, c’est une private joke. « Faut rigoler lààà ! » (méga énervé)

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