Baltimore, The Wire, les émeutes, une image de misère qui colle à la peau de la métropole du Maryland. Mais au regard de sa scène musicale, Baltimore est aussi une grande inspiration pour ses artistes : Animal Collective, Dan Deacon, Future Islands et bien sûr Beach House (interview). C’est sur ce dernier groupe, étendard de la dream pop, qu’il convient de se pencher à l’occasion de la sortie de leur cinquième album, Depression Cherry.
Dream pop n’est qu’un terme. Un terme très parlant pour cet apaisant croisement de textures veloutées et enveloppantes et de paroles le plus souvent susurrées par une voix de ténor qui permet de trouver le calme et le sommeil. Sûrement parce qu’elles nous rappellent les berceuses de notre enfance. Malgré les dissonances entre la mélodie mécanique et le chant de nos mamans ou nos papas, on plongeait irrémédiablement dans un sommeil réparateur et innocent.
Après quasiment 10 ans de carrière, Beach House a imposé sa patte : une boîte à rythmes (judicieusement remplacée par une batterie en live), des thèmes de synthés, un jeu de guitare délicat, la voix envoûtante de Victoria Legrand, un sens des mélodies dans la plus pure tradition des pop songs mais plaquées sur des morceaux à rallonge dans la plus pure tradition du rock progressif, de la pop psychédélique ou de l’ambient music, une dose de mélancolie et de dépression au goût de cerise. Un ensemble épais sans être trop lourd, comme une bonne couverture.
En plus du sens des berceuses, le duo de Baltimore a retenu autre chose de nos parents : on ne change jamais une recette qui marche. Jamais. Alors il ne fallait pas s’attendre à de grands bouleversements pour Depression Cherry, leur cinquième album. Et fort heureusement il n’y en a pas. Enfin à une exception près car « Sparks » fait énormément penser à My Bloody Valentine par le chant et la guitare saturée. Plus qu’un écart, cela ressemble surtout à un hommage pour un groupe qui a énormément inspiré la pop en délivrant un amas de sons où arrive toujours à jaillir une mélodie. D’autant plus que cette chanson fonctionne terriblement bien.
Mais pour le reste, c’est du Beach House tout craché, voire un retour au son des débuts après Bloom où la guitare était très présente. Si certains morceaux se dégagent d’ores et déjà (« Levitation », « PPP », « Wildflower » et donc « Sparks ») on aura sans aucun doute un grand plaisir à replonger souvent dans cet album délicat. Au final, l’écoute de cet album procure un seul grand regret : que la tournée du groupe ne s’arrête pas dans une salle plus intimiste qui sied mieux à leur univers que la Grande Halle de la Villette.
Beach House – Depression Cherry
Album tout entier
Retrouvez notre interview du groupe en juillet dernier. Les thèmes : le pouvoir des mots, le danger des cases, la force de la révolte.
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