Entre épuisement, explosion, contemplation, amertume et réflexion, la playlist du jour explore toutes les facettes des fins de soirées. Les artistes présentent les différentes manières de consommer la nuit et les émotions qui en découlent. Selon l’état d’esprit, certains choisissent l’after, la solitude ou le lit.
Épuisement : Anika – I Go To Sleep – Il y a des fois où l’on a beau essayer, le corps ne suit plus. Son entourage a beau être super excité, ça ne change en rien cette envie irrésistible de sentir son corps s’affaler sur un matelas épais. Anika est une artiste à part dont le charisme et la justesse de voix ne sont pas ses plus grandes qualités. Souvent stoïque, elle n’a pas besoin de crier pour se faire entendre. Avec elle, pas de souci, il faut accepter le murmure et la volupté du sommeil.
Explosion : Traumer – Slow Run – La musique de Romain Poncet, ou Traumer, est plus souvent une raison de courir qu’à se laisser balader par des jambes bien trop lourdes. Porté par une irrésistible envie d’exploser, comme après un enfermement, il trouve sa liberté dans un cri. Ce cri, c’est celui de Baudelaire dans son poème Voyages, qu’il adapte dans un clip : « Ah que le monde est grand, à la clarté des lampes, aux yeux du souvenir, que le monde est petit». Slow Run est né pour que courent et filent les insomniaques, face au vent, à en chialer, sans retenue, au bout de la nuit.
Contemplation : Francesco Tristano – Idiosyncrasia (Ben Klock remix) – Lorsque le pape de la techno allemande s’adonne à remixer le talentueux pianiste luxembourgeois du groupe Aufgang, il n’oublie pas de lui donner ce caractère intemporel. La rythmique techno n’est pas ce qui ressort le plus de ce morceau car les sons cosmiques et les quelques notes de piano suffisent à le rendre doux, presque fragile. C’est le sentiment de fluidité que connaît le sommeil, la fatigue en moins. Ce climat d’apesanteur délicieux pourrait durer des heures, rien ne pourrait déranger cette plénitude.
Amertume : Veence Hanao – Qui Envoie Les Mouches – Le Bruxellois est un noctambule de longue date. Il est de ceux qui se fondent dans la nuit et qui, passé 4h du matin, ont un goût amer dans la bouche, de ceux qui se rappellent que le monde est un sacré merdier. Son rap décomplexé raconte les gens grisés par la vie, qu’il exècre. Il est de ceux qui foulent le pavé pour se plonger au plus profond de la mélancolie. La voix lancinante de Veence s’immerge dans des univers électronique, hip-hop et jazzy. Qui envoie les mouches est ce monologue d’un homme qui rentre se coucher, à l’heure où l’alcool ouvre les yeux sur l’épais voile du monde et des Hommes.
Réflexion : Bajram Bili – I’ll Be Your Owl – L’artiste de Tours nous en fait voir des belles avec son dernier EP « Sequenced Fog ». Entre krautrock et ambient, il n’a pas son pareil pour nous hypnotiser. En fermant les yeux, on s’enfonce dans nos entrailles, avec un malin plaisir à nous laisser transporter. Les sonorités de Bajram Bili nous font comprendre le brouillard et la nuit.
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