Ásgeir est un doux, de cette tribu des tranquilles qui vont à leur rythme et s’étonnent presque du chemin parcouru. À seulement 21 ans, le chanteur compositeur islandais a conquit son pays avec son premier album « Dýrð í dauðaþögn » (« Gloire dans le silence de la mort », prononciation indisponible). Séduit, John Grant lui propose de traduire ses textes en Anglais. Un premier album sobrement intitulé « In the silence » naît de cette rencontre. Discussion avec Ásgeir avant la sortie internationale de cet album anglophone le 27 janvier.
Ásgeir Trausti vient d’un petit village du nord de l’Islande. Un de ces villages où, comme il le dit lui-même « en dehors de l’école, tu as le choix entre le sport, la musique et les jeux vidéos ». Avec quelques amis passionnés de Metallica, ils forment un groupe de punk, « le choix des musiciens était très réduit, j’avais trois amis qui jouaient de la batterie, de la guitare et de la basse. Moi j’apprenais la guitare classique à l’école. Nous avons du passer 6h d’affilée à jouer dans un garage, tous les jours après l’école pendant environ 2 ans. Mais on n’était vraiment pas bons ! ». Mais c’est lorsqu’il touche pour la première fois une guitare acoustique qu’Ásgeir découvre de nouveaux horizons. « J’étais tellement habitué à jouer de la guitare classique, avec mes longues cordes, leur son chaud et doux que le son totalement différent de l’acoustique m’a vraiment inspiré ». Il se met alors à composer discrètement, à l’ombre de son frère aîné, guitariste du groupe Hjálmar, premier groupe de reggae islandais ! « Hjálmar a commencé il y a 10/12 ans, quand j’avais à peine 10 ans. Je regardais mon frère avec beaucoup d’admiration, autant pour le chant que l’écriture ou la composition. Nous avons un peu le même style d’ailleurs. Il m’a beaucoup influencé. »
Au cœur de la musique d’Ásgeir, il y a la Nature bien sûr, sorte de fil conducteur dans la musique islandaise en général, mais aussi sa famille. « Ma mère joue de l’orgue à l’église, mon frère est musicien et mon père écrit des poèmes depuis 60 ans ». Pour faire ses démos, Ásgeir écrit des paroles sans queue ni tête, avec une vague consonance anglophone. Mais quand il se met au travail avec son producteur, la nécessité de sens se fait sentir. « J’aimerais beaucoup écrire les paroles de mes chansons à l’avenir, mais mon père est poète, il est donc plus à l’aise avec les mots. Beaucoup de groupes ici chantent des inepties en anglais pour pouvoir être plus mainstream, alors qu’il y a tant de magie dans notre langue ! C’est aussi une langue avec ses codes et ses traditions, c’est aussi pour ça que je suis très heureux du travail de mon père. Il nous a rapprochés, lui, mon frère et moi. On peut presque dire que c’est un projet familial ! ».
Un projet aux multiples facettes, puisqu’il mélange les générations, les langues (grâce au travail de traduction de John Grant) et les styles. « À l’origine, toutes les chansons ont été écrites soit au piano soit à la guitare acoustique, mais au milieu de l’enregistrement, mon producteur et moi-même avons commencé à utiliser des synthés. Ce qui est amusant quand on sait qu’avant ça mon producteur détestait tout ce qui était MIDI ou DIGITAL. Mais ce son est arrivé comme ça pour nous, à mi-parcours. Du coup, une première moitié de l’album est basée sur l’acoustique et la deuxième sur l’électro. J’ai eu un peu peur de savoir comment les gens allaient réagir à cet éclectisme, mais au final ça passe plutôt bien. »
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