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Paul Banks : « Je laisse l’inconscient guider mon travail »

Il y a pile dix ans sortait « Turn on the Bright Lights », premier album d’Interpol, un groupe qu’on n’allait plus quitter. Quelque part entre post-punk et new wave, les New-Yorkais secouaient nos tripes avec leur musique ombragée et fulgurante. Il y avait là une âme, une intensité qu’on avait rarement connues. Cette voix habitée y est pour beaucoup. Chanteur mais en aucun cas leader du groupe, le discret Paul Banks a également une carrière solo, démarrée sous le pseudo Julian Plenti. Son nouveau disque est sorti sous son nom et s’appelle même « Banks ». Tiens, un peu de lumière ? Interview.

 Pour ce disque solo, tu dis « avoir pensé comme un groupe ». Cela veut dire quoi, exactement ?

Cela veut dire que j’ai abordé chaque instrument comme si c’était le seul. J’ai essayé de m’engager à fond sur tous les instruments. Je ne voulais pas que cela sonne comme de la musique de songwriter où la guitare et la voix auraient pris le dessus, mais au contraire comme de la musique jouée par un groupe. Donc j’ai tout fait pour me rapprocher de ces sensations-là.

Le quatrième album d’Interpol s’appelait simplement « Interpol ». C’était ton idée, pour illustrer le caractère entier et total du disque. Avoir intitulé ce deuxième album solo ‘Banks’ s’inscrit-il dans la même logique ?

Non, je ne crois pas. J’ai nommé l’album « Banks » car c’est d’actualité, avec tous ces troubles liés au monde de la finance. Mais d’un autre côté, tu as raison. Avec Interpol, j’avais pensé que ce titre était simple et direct, et dirigeait directement l’auditeur vers la musique. Il n’y avait pas d’histoire : c’est juste une matière de travail. J’aime le caractère austère de ce titre.

C’est la même chose pour mon disque solo. Cette fois, j’ai utilisé mon vrai nom parce qu’il s’agit exclusivement de nouvelles chansons, à la différence du précédent, sous le pseudonyme Julian Plenti, qui regroupait toutes les compositions écrites plus jeune sous ce nom-là. Pour la sortie de ce nouveau disque, je voulais de nouveau être simple et direct. Pas de nom de groupe, pas de pseudonyme, mais proposer simplement et humblement de la musique.

En groupe comme en solo, ton travail donne une impression anxieuse et viscérale. Es-tu d’accord avec l’emploi de ces mots ?

Oui. Je recherche toujours à faire une musique immédiate. J’aime la subtilité, mais ce n’est pas la caractéristique qui définit le mieux ma musique. La musique doit exprimer une émotion intérieure, et il y a beaucoup de tension en moi. L’anxiété que tu décris est due au fait que ma musique libère cette pression, cette tension intérieure.

Au vu de l’évolution de ton parcours depuis 10 ans, et si on se trompait complètement en comparant ton univers à Joy Division ou Editors ? Ta trajectoire semble clairement dévier de ces références, non ?

Ce n’est jamais une erreur de comparer. Mais je tente de me tenir à l’écart de ces comparaisons et de ne pas évaluer ce que je suis en train de faire, au-delà de mon propre instinct. Je ne veux pas définir ce que je fais, ni même le comprendre par tel ou tel terme, car je suis fatigué de prendre conscience de tout. J’essaie donc de laisser l’inconscient guider mon travail.

Pourquoi choisir Peter Katis, déjà producteur d’Interpol ? Par souci de continuité ? Ou pour mieux accompagner une rupture ?

Parce que c’est un brillant producteur. Et pour la continuité, effectivement. J’aime bien faire deux disques à la suite avec Peter, cela nous permet d’optimiser l’expérience précédente. Nous avions trouvé une dynamique au moment de « Skyscraper », et nous avions tous les deux envie de continuer sur cette voie. Je le considère comme un puriste du son, il a une patte formidable. Il trouve toujours le juste équilibre entre un mix chaleureux et ambiant et un son plus tendu. C’est comme un frère. Et quand tu es en train de bosser en studio, seul avec ton producteur, vous avez plutôt intérêt à bien vous entendre !

Est-il envisageable que tu composes un jour certaines chansons d’Interpol, avec Daniel ? Avez-vous déjà parlé de changer cet équilibre ?

J’ai toujours écrit des chansons avec Daniel. Interpol est un travail collectif, on construit les chansons ensemble. Les idées de départ viennent de Daniel car on fonctionne beaucoup mieux ainsi. A partir de ses inspirations, chacun aide à terminer les chansons avec sa patte personnelle. Quand je suis en solo, cela me permet de diriger davantage et je tire beaucoup de satisfaction de voir mes idées aboutir dans le sens souhaité, jusqu’au bout. Mais le travail du groupe est magique : composer des chansons d’Interpol va au-delà des capacités individuelles ou de la vision de chaque membre du groupe.

Interpol fête actuellement les 10 ans de « Turn On The Bright Lights ». Quel titre en particulier retiens-tu de ce disque et pourquoi ?

J’adore The New. J’adore les singles du groupe et les chansons qui ont une structure assez conventionnelle. Écrire une chanson au format classique est très difficile. Pourtant, The New est une de nos chansons les moins convenues. Mais c’est facile d’écrire une chanson non-conventionnelle. Par contre, une chanson qui abandonne les formats traditionnelles doit être inspirée. Et je crois que The New était inspirée.

https://soundcloud.com/dostoewskaya/interpol-the-new

Tu écoutes toujours principalement du hip-hop ?

Oui, tout le temps. En ce moment, j’aime le hip-hop commercial : Jay-Z, Kanye West, Drake, Rick Ross et Lil Wayne.

Pour finir, y-aurait-il un artiste que tu as suivi récemment sur la scène française ?

Non, et je le regrette. Le français est une si belle langue pour chanter.

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