Longtemps planqué dans les milieux plus ou moins underground de Londres, le dubstep est prêt à inonder le continent européen. Du moins, c’est ce qu’annonçent certains médias spécialisés et programmateurs comme une évidence. Bon. Mais c’est quoi au juste, le dubstep ? Décryptage en 5 points d’un style musical annoncé comme une collection de fringues printemps-été, mais qui ne veut pas forcément succomber aux sirènes du marketing.
U comme urbain. Le dubstep est né il y a environ dix ans dans le sud de Londres. Musique résolument urbaine, elle demande une connaissance exigeante des courants musicaux alors présents dans les milieux underground anglais pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Pour aller à l’essentiel, le son dubstep est massif, entre jungle, dub, reggae et hip-hop, dans une moindre mesure. Les aficionados annoncent que le genre est né dans la cave du magasin de disques Big Apple, dans le quartier de Croydon.
Skream – Midnight Request Line
I comme immigration. Le dubstep s’est nourri des vagues successives de musiciens immigrés qui se sont installés en Angleterre. Des sound-system jamaïcains – qui ont commencé à cracher des décibels à Londres dans les années 70 – jusqu’aux musiques jamaïcaines, antillaises et africaines, le dubstep a tout avalé pour mieux digéré.
H comme Hyperdub. Le label de Kode9. Mondialement reconnu aujourd’hui, ce label est longtemps resté dans l’ombre londonienne, de manière tout à fait volontaire. Lors des soirées Forward>>,Kode9 mixait exclusivement des morceaux des jeunes producteurs du sud de la ville. Et s’est toujours refusé à parler de dubstep comme un courant cloisonné.
R comme Rephlex. Comme le label de Richard D. James, alias Aphex Twin. Encore lui. En 2004, pris d’intérêt pour ce nouveau son, l’influent Aphex publie deux compilations intitulées Grime. Ils présente ainsi six producteurs londoniens au monde : Plastician, Mark One, Loefah, Slaughter Mob et deux boss du genre aujourd’hui établis, Kode9 et Digital Mystikz. Premier coup d’accélérateur pour le dubstep.
B comme Burial. Décembre 2006. Un bien étrange album tombe dans les bacs, sur le label Hyperdub. Bonjour Burial, énigmatique personnage dont on ne connaît que des portraits au fusain et des photos abstraites, que sa photographe attitrée distribue à la presse au compte-goutte. Une petite bombe, torturée mais calme, qui magnifie la vision urbaine du dubstep, versant cauchemardesque. Et qui confirme la vision de son géniteur, qui déclara un jour : « Dans le dubstep, il n’y a pas de chemin balisé qui pourrait attirer les producteurs de crasse de seconde zone. Tout le monde ici est livré à lui-même ». Deuxième coup de projecteur, donc. Mérité.
M comme Magnetic Man. Le point de départ de cette saga musico-médiatique 2010-2011. A la barre, Benga, Artwork et Skream, soit trois des plus gros producteurs de dubstep anglais depuis 20 ans, actifs depuis les prémices du genre. La triplette décide de mener un projet à six mains, et créé Magnetic Man. Le premier album, qui flirte parfois avec la pop et le r’n b, sortira le 17 janvier en France, mais a déjà renversé l’Angleterre depuis un an. La promo française du groupe annonce la révolution avec ces mots : « Depuis 5 ans environ, le dubstep a pris l’ascendant de la scène underground londonienne. […] Il était temps que surgisse un projet qui a pour ambition d’amener ce courant vers une audience plus large. Magnetic Man sera ce projet. » Verdict ? Un album qui cherche le tube, qui le trouve parfois, mais qui flirte aussi avec le putassier (deux morceaux après pour vous faire une idée). Troisième coup d’accélérateur, donc. Une bonne chose ?
Je me faisais la même réflexion …
J’ai fais une soirée à Londres récemment, avec un lineup similaire a ce qu’on pourrait trouver à la Fabric, et j’ai été impressionné par le succès que le dubstep peut avoir. Nos amis Anglais étaient plus déchaînés sur le Perfect Stranger de Magnetic Man et les morceaux de dubstep que sur un la Rock01 de Vitalic ou autres titres electro.
Avec des artistes qui commencent à signer chez les majors, même si parfois sa sonne un peu trop mainstream ou mauvais, je pense que le dubstep va maintenant rapidement se répandre. Au final, ça ne me semble pas forcément être une mauvaise chose puisque paradoxalement je pense que faire connaître le dubstep peut aussi aider la scène underground.
Ne vivant pas en Angleterre et à Londres en particulier j’ai peut-être une vision erronée mais c’est le sentiment que j’ai eu.