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Léonie Pernet : « Les questions de légalité n’ont jamais entravé mes désirs ou mes actes »

Multi-instrumentiste brillante, DJ, noctambule avertie, organisatrice de soirée. A 24 ans, Léonie Pernet est déjà sur tous les fronts. Depuis Brooklyn où elle s’est exilée pour composer, cette proche de Yuksek est aussi une militante lesbienne avertie. Au moment où l’homophobie répand sa mauvaise haleine dans les rues, on a décidé de lui donner la parole.

Quelques mots sur toi pour commencer. Pour ceux qui ne te connaissent pas, qui es-tu ?

Léonie Pernet donc, 24 ans, musicienne. Après un an et demi de tournée avec Yuksek en tant que batteuse, je bosse actuellement sur mon album qui est à base de piano, claviers, batteries et sur lequel je chante. Lorsque je ne fais pas tout ca, je mixe de la techno et j’organise des fêtes.

Tu es à l’origine des soirées parisiennes Corps vs Machine à destination des « amoureuses des filles, amoureux des garçons, queer, gouines, pédés, jeunes filles aux poitrines dénudées ». Tu peux nous en dire un peu plus sur ces événements ? Quelle vision de la nuit y défends-tu ?

La Corps vs Machine est née il y a presque 3 ans, avec l’idée d’un son puissant et mélancolique, oscillant entre techno brute et minimale de gauche. En ce qui concerne le public, la soirée est plutot orientée queer (mais pas seulement) , avec un noyau dur de nanas qui viennent y danser – j’ai presqu’envie de dire participer – depuis le début et qui font aussi en sorte que la soirée est devenue ce qu’elle est : une soirée avec un son de qualité où les tracks joués racontent vraiment quelque chose, et où un peu comme au mac-do, mais en mieux, le public vient comme il est. Gouine, bi, pédé, trans, sapeur pompier etc…

En tant que lesbienne, penses-tu qu’en France, les espaces d’expression de la culture LGBT soient assez nombreux ?

La « culture LGBT », qu’est ce que c’est ? C’est le Tigre, c’est Émilie Jouvet, c’est draguer dans un bar, lire Armistead Maupin ? Non le plus important me semble-t-il c’est qu’il y ait des lieux à destination des populations LGBT, ou tout du moins qu’aucune personne LGBT ne puisse se sentir isolée sous prétexte qu’elle ne vit pas dans une grande ville. Et ca n’est évidemment pas le cas en France, malgré la présence de CGL ou centres associés un peu partout.

Tes soirées s’inscrivent dans la continuité de celles organisées au Pulp, notamment. Penses-tu qu’elles ont permis un éveil des consciences depuis une grosse dizaine d’années, même modestement ?

Oui, le Pulp a évidemment permis un éveil des consciences, mais pas seulement. Il a faconné et défendu une vision magnifique de la nuit et de la musique : le dancefloor comme poésie moderne. C’est encore là et ca vit, c’est un vrai patrimoine.

Parlons du projet de loi « Mariage pour tous » du gouvernement, au coeur de l’actu. Pendant sa campagne, Hollande a annoncé qu’il ferait bouger les lignes, tu l’as cru ? Est-ce un argument qui t’a (ou aurait pu) te pousser à voter pour lui ?

Oui je l’ai cru… Suffisamment pour prendre ma carte au PS l’année dernière, pour militer et voter pour lui comme tu l’auras compris.

Aujourd’hui, le projet de loi minoré qui se présente devant le parlement répond-il à tes attentes ?

Partiellement, oui… Mais je suis relativement confiante pour la suite. Je pense que le projet de loi sur la famille incluant la PMA qui sera présenté en mars sera voté avant la fin de l’année.

Certains couples et asso homos estiment qu’il s’agit d’une loi a minima, voire électoraliste. Ni l’accès à la Procréation Médicale Assistée (PMA) pour les couples lesbiens, ni la création de présomption de parentalité n’y figurent. Ça t’inspire quoi ?

Qu’il y ait un mécontentement suite au manque de couilles notoire et aux divers cafouillages de Francois Hollande à ce sujet, je l’entends et le partage. En revanche parler d’un loi électoraliste, ca me semble proche du délire paranoiaque, très certainement provoqué par les déferlements homophobes de ces derniers mois.

Dans ton entourage, l’accès au mariage est-il un désir réel ou simplement un symbole de reconnaissance ?

L’un ou l’autre selon l’age et la situations des couples.

Comment t’y prends-tu pour faire entendre ta voix à un moment assez crucial pour la communauté LGBT ?

Actuellement je suis ne suis pas en France donc je communique et je relaie ce qui est à relayer sur les réseaux sociaux principalement.

Que t’inspire la manifestation de dimanche dernier ?

Un rejet radical des idées partagées par les manifestants, qui pour la plupart vous l’aurez noté étaient des gens « normaux », banals, pas foncièrement méchants ; c’est bien ça qui est inquiétant. Gueule de nazi ou gueule de voisin, peu importe ; ces gens-là sont mes ennemis.

As-tu déjà été résignée depuis le début des débats autour de ce sujet en France ?

Pas une seconde.

Pensais-tu, il y a quelques mois, qu’une petite moitié des Français seraient contre le mariage homo, et que 60% d’entre eux s’opposeraient à la PMA ?

Non je n’y avais pas pensé mais je ne suis pas surprise.

A Brooklyn, où tu habites désormais, est-ce un sujet que tu abordes souvent avec ton entourage ?

Oui, un peu, je les informe de ce qu’il se passe ici.

Quels pays devraient selon toi servir de modèle pour légiférer ?

Le Canada, bien sûr.

Plus personnellement, de quel droit aimerais-tu pouvoir jouir avant toute chose ?

Je suis un être libre, les questions de légalité/illégalité n’ont jamais entravé mes désirs ou mes actes.

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