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Asagaya : « Je me sens comme un musicien (du bord) du monde »

C’est l’histoire d’Asagaya, un Japonais convaincu d’être l’héritier d’un chef Cherokee. Soutenu par l’esprit du tonnerre, il croit qu’il doit toucher la mort pour devenir maître de son destin et voir le monde différemment. Un mélange de chamanisme et de chaos. D’un autre coté, c’est un idéaliste, un « citoyen du monde » qui rêve d’un monde sans argent ni frontières. Cet album conte son histoire, son voyage, les fondations de ses croyances.

Ton nom de scène est-il un hommage au quartier spécifique de Tokyo portant ce nom ? Ou bien une référence à Asagaya Gigageï (l’esprit du tonnerre des Cherokee) ? 

Un peu des deux. Mon interprétation de l’esprit du tonnerre est l’un des fondements du projet. Et ce nom c’est précisément le pont improbable entre différentes cultures éloignées. C’est aussi un hommage au cheval de course du même nom.

Tu es originaire du Japon mais tu vis depuis quelques temps à Paris. Qu’est ce qui t’as poussé à choisir cette ville plutôt qu’une autre ?

Je me suis installé à Paris pour trois raisons. Pour l’efficacité des transports urbains, l’opulence de produits laitiers et la sécurité sociale. Il y a une quatrième raison primordiale encore tenue secrète…

Ton premier album Light Of The Dawn est paru depuis quelques semaines, mais depuis combien d’années composes-tu ?

Je compose depuis plus de quinze ans. Parallèlement, j’ai joué dans toutes sortes de formations, rock, dub, soul/funk, electro… L’album « Light Of The Dawn » a été écrit, mixé et masterisé en deux ans.

Comment en es-tu arrivé à produire principalement des beats hip-hop ?

Principalement par goût et par instinct. C’est un style qui m’a toujours attiré et une forme de récurrence inconsciente quand je compose. Le hip-hop venant lui-même de différents styles musicaux, je le vois comme un récipient idéal pour mélanger les genres. Parallèlement, je continue d’explorer d’autres voies.

Justement dans Light Of The Dawn, on trouve un aspect multidimensionnel. Tu t’orientes aussi bien vers la soul, le blues et le hip-hop voire à certains moments dans l’ambient. On ressent ainsi une multitude d’influences musicales. Est-ce important pour toi de décloisonner les genres ?

C’est plus qu’important. C’est une sorte de devise personnelle, une vraie ligne de conduite depuis des années. Utiliser différents styles dans un même album, mélanger les genres au sein d’un même morceau, combiner les techniques de mixage ou d’arrangements d’époques différentes, rendre la musique anachronique… Ces idées insufflées par les Beastie Boys, Mr Bungle, Incubus, Frank Zappa et beaucoup d’autres ont toujours raisonné en moi. C’est aussi un moyen de faire de nouvelles choses sans en avoir la prétention.

Asagaya ft. Jay Prince –

Penguin Beach / Washy P

Tout au long de l’album on ressent un vraie vision idéaliste de la vie. L’extrait suivant : « Flag and border lead to nothing, for him the only country is the people. He believes in humanity more than his on life…» en est la parfaite démonstration. Te définirais tu comme un musicien du monde ? Tes rencontres deviennent-elles ainsi ta principale source d’inspiration ?

En effet, même si cet extrait parle davantage du personnage que de moi, je me sens comme un musicien (du bord) du monde. Les rencontres sont sources d’inspiration, ainsi que les rêves, qu’ils soient récurrents ou éphémères.

Le titre « Washy P » évoque la corrélation entre l’homme et la machine. Tu poses par ailleurs toi même tes paroles avec une voix virtuelle. D’où ma question suivante : Asagaya est-il un homme ou une machine ? 

Dans mon cas, la voix est synthétique et la musique est partiellement produite et composée à l’aide de machines. Tout le reste est humain.

L’album est par ailleurs marqué par l’ombre de Guts à la co-production. Comment votre collaboration s’est-elle déroulée ?

Comme dans un rêve ! Un ami envoie deux morceaux à Guts qui accroche et décide de m’aider. On a ensuite réuni mes morceaux les plus prometteurs et cherché les artistes idéaux qui pourraient figurer sur l’album. Avec l’aide d’Open Side Music, le projet d’album devient concret. Les conseils et la direction artistique de Guts m’ont apporté énormément sans jamais rien m’imposer. Deux ans plus tard, le résultat final dépasse largement mes espérances. Un album, une signature chez Jakarta Records, des concerts d’envergure, l’entrée au roster d’AFX Booking, des rencontres très enrichissantes, et une multitude d’opportunités inédites pour moi.

Tu t’entoures également d’une pléiade d’artistes talentueux. Lequel fut le plus marquant à tes yeux pour ton premier projet ?

Ils ont tous fait un travail formidable et ont plus que répondu à mes attentes. Cependant, c’est Leron Thomas qui m’a le plus marqué autant sur le plan artistique qu’humain. Son travail d’écriture, de chanteur et de trompettiste sur l’album m’ont totalement bluffé. Il a donné de la profondeur, du charisme et de la classe au projet. J’espère vraiment collaborer de nouveau avec lui dans le futur.

Asagaya – The Nature Creature

feat. Afrodyete of Breakestra [Prod.Guts]

Pour continuer sur ce sujet, te vois-tu collaborer continuellement avec plusieurs artistes ? Ou alors réaliser un album pour un seul et unique emcee (à la manière de ce que fait Apollo Brown) ?

Travailler avec différents intervenants comporte des avantages et des inconvénients. Ça peut apporter une grande richesse sur un album, mais compliquer les choses quand il s’agit de faire vivre le projet en concert. Avec un seul artiste, on peut probablement aller plus en profondeur même s’il y a un risque de redondance ou de monotonie sur un album entier. En fait, j’aimerais pouvoir faire les deux.

Si je te pose cette question c’est notamment parce que tu collabores sur 3 morceaux avec Jay Prince, c’est plus que n’importe quel autre artiste présent. C’est également l’une des deux voix masculines du disque. Peut-on voir la naissance d’une future collaboration entre vous deux ?

Difficile de savoir si il y aura une nouvelle collaboration avec Jay Prince pour le moment. Il connaît un grand succès outre-Atlantique et mon second album est encore au stade embryonnaire. En ce moment, je travaille avec RacecaR (Sax Machine, Soul Square…) et Mary May (Guts Live Band) qui m’accompagnent sur scène et sur une série de nouveaux morceaux.

Ta clôture d’album se nomme « Something On The Way », que nous réserve donc le futur pour Asagaya ?

C’est d’abord un hommage à Nirvana – une de mes principales influences – et c’est aussi un message annonciateur. Le futur sera mystique, sombre, grandiloquent et toujours un peu plus mystérieux.

Question bonus pour conclure mais quelle est ta relation avec les manchots ?

Je les déteste. Tout simplement.

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