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Yeah festival : notre virée en sept cris

Les cigales, une place de village, du bon vin, Laurent Garnier et ses amis : le Yeah sait recevoir. Pour sa deuxième édition, le mini-festival a pris son pied au bas des collines du Luberon. Une partie de notre tribu y était. On vous raconte tout ça, en cris et en images.

Cri du Lourmarinois

Premier contact avec le Yeah : des mecs de la sécurité qui font des blagues. « Euh désolé, vous ne pouvez pas rentrer, c’est une soirée blanche. Vous êtes habillées en noir, c’est dommage ». Bienvenue dans la Yeah touch. On vous donne quelques codes : dire « Lourma » pour « Lourmarin » comme les « djeuns » du village, indiquer que « les toilettes, c’est après le donjon à droite » – et prononcer 92 fois « Yeah » en trois jours sur toutes les intonations. C’est aussi danser sous un soleil de plomb devant Dave Haslam avec un torchon mouillé sur la tête (et se croire un court instant à l’Hacienda alors qu’on est au tennis club), faire la tournée des « afters-villas-piscines » à la recherche du meilleur « sound system », connaître et kiffer Square (le plus jeune groupe du festival)…

Cri du Boogers

Le Yeah, c’est de la musique rock sur fond de carte postale. Boogers l’a dit pendant son concert, et on ne va surtout pas le contredire. C’est écrit partout et c’est vrai : Lourmarin est un des plus beaux villages de France. On y a vu des oliviers, des vignes, des pins, des ruelles, des pavés, de la verdure, un château. Résultat : un charmant melting-pot parfois étonnant entre les festivaliers, les Lourmarinois (souvent festivaliers) et les no-Yeah/no-Lourmarinois. Ces derniers sont facilement reconnaissables : Anglais ou Allemands n’ayant pas peur des menus à 45€, souvent accompagnés de toutes petites bêtes, plus proches physiquement du hamster que du chien. Mais au final, la mayonnaise prend. Parce que le Yeah c’est comme une grande réunion de famille, avec des trentenaires en manque de rock, des parents avec des enfants aux bouchons d’oreille démesurés, des Lourmarinois fiers de leur cité, et une poignée de gens qui veulent tout simplement vivre le festival comme un moment intimiste et humain.

Cri du porte-monnaie

Il y a des inventions qui ont révolutionné notre vie : l’épluche-légumes, la machine à laver, les smartphones. Celle-ci va révolutionner votre vie d’alcoolique détendu. Installés à côté du bar, comme un signe, comme des messies, ils vous proposent de faire chauffer votre carte bleue, et tout ça, sans s’en rendre compte. Plus besoin d’espèces, les Yuflow s’occupent de tout. Votre CB, une calculatrice pour taper votre code à quatre chiffres, un ordinateur, un bout de gaffeur, une imprimante, et le tour est joué ! Vous repartez avec un flashcode à présenter au bar ! Une bière, un scan, une bière, un scan, une tournée de « Vielle ferme » (la cuvée spéciale du Yeah), un scan, un scan, un petit crottin de chèvre, un scan… Martin, nous rassure : « Vous verrez le décompte seulement mardi ! ». Tout va bien alors.

Cri(se) de nerfs

Un concert, plus un concert, plus un concert, ça fait un festival. Jusque-là, tout va bien. Mais quand 1+1+1+1=1, ça se complique. Et ça donne La Colonie de vacances. Si vous vous attendiez à entendre Pierre Perret, il faudra repasser, sauter son tour et aller aux Trois Baudets dans une semaine (oui, il tourne encore !). Ici, on vous parle d’énervés du bocal de la noise, qui ont transformé les codes du concert. Mettez quatre groupes, quatre scènes, Marvin, Pneu, Electric Electric, Papier Tigre et accrochez votre petit cœur. En quadriphonie, avec une complicité musicale à toute épreuve, ils nous ont donné le torticolis. Un public à 360° à l’ombre de la cour du château. Finis les concerts tous tête tournée vers la scène, en colo, on est au milieu du match : on regarde, on se retourne, on se détourne, on se sourit, on prend sa claque. On vous le dit : « C’est des bourrins et c’était tellement bien ».

Cri de sirenes

Moment de grâce. La sirène de hall de gare retentit comme avant chaque concert au Yeah. Le public est à l’heure. Billets compostés, on ne loupera pas le départ. Balthazar, un nom de roi mage, pour un concert magistral. C’est comme si Foulques d’Agoult, reconstructeur du château de Lourmarin au XVème siècle, avait anticipé la venue de ce groupe. On était dans notre bulle, dans notre chambre pour écouter quatre voix, cinq musiciens habités par une pop envoûtante. On croit même avoir entendu des sirènes, et cette fois-ci ce n’était pas pour annoncer l’arrivée du train mais plutôt pour un aller sans retour. Bergson avait raison, le temps est relatif : ces 45 minutes en ont paru deux.

Cri du vinyl

Rendez-vous au tennis club pour un contest de Air DJ. Vous avez bien entendu ! Des mecs qui s’affrontent devant une pile de chaises sous l’œil taquin de Laurent Garnier et… Alex. On vous parle d’Alex. Alex, c’est un homme qui arrive à vous faire croire que les chaises en plastique sont des platines, qu’il a un casque, qu’il a des caisses pleines de vinyles, qu’il envoie du « bootleg » ou du « mashup ». Et dans cet univers, Laurent Garnier impose un genre musical aux participants, du dubstep en passant par la dance, la techno, le rock ou la surprise. Edouard se lance sur Boys de Sabrina. La surprise est de taille ! C’est comme si « Lolo » (comme on l’appelle sur le Yeah) se transformait en GO du Club Med, en animateur de soirées karaoké. Il se fendra d’un petit : « Vous savez que vous avez l’air ridicule ! ». Une dizaine de concurrents s’affrontent. Il n’en reste plus que trois, puis, un. Bravo, tu as gagné le 45 tours de François Valéry intitulé « Mon pote le DJ ». Yeah !

Cri du coeur

On ne peut pas parler du Yeah sans parler de ses organisateurs, Laurent, Nicolas et Arthur. Ils sont là, présents, à la maison. Une festivalière nous a dit qu’elle les sentait plus détendus cette année. C’est dire la proximité. L’année dernière, Laurent Garnier avait joué le premier soir du Festival. Cette fois-ci, il a clôturé l’édition 2014 en binôme avec son ami Dave Haslam. Lolo lance : « On est en famille, on va y aller tranquille ». Lorsque l’on regarde la foule, doigts et pieds en l’air, exulter comme s’il fallait tout donner là, maintenant, tout de suite, on se dit que la notion de tranquillité est discutable. Hop, c’est parti pour 2h d’éclectisme musical : techno, funk et rock, bien sûr ! Nirvana et New Order étaient de la fête, Donna Summer également. On lève les yeux, on regarde la tour du château, l’étendard « Yeah » en lettre lumineuse est toujours là, comme un cri de guerre. Le set s’achève. Personne ne veut partir. Boogers est là, avec le public, sac à dos et sono, en chef de file d’une queue-leu-leu mémorable. « Je repars heureux », cri du cœur de Laurent Garnier. Nous aussi !

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