Les fils spirituels français de I’m From Barcelona veulent proposer une pop joyeuse et originale. Pari réussi, d’autant plus après leur show énergique au Point Éphémère. Rencontre avec Erwan, guitariste qui rêve d’une notoriété similaire à celles des frères Coen. Comprenez pointue mais grand public.
Sans te vexer, Yalta Club n’est pas encore très connu. Présente-nous brièvement la genèse du groupe ?
Je suis Erwan. Yalta Club est un groupe pop avec de multiples influences. La base a commencé à Nantes lorsqu’on étudiait, il y a 7-8 ans. Pour diverses raisons, on a continué à Paris. Le trompettiste Tom nous a rejoints il y a 5 ans. La formation définitive du groupe remonte à deux ans et demi avec notre synthé qui est allemande. On a signé chez Atmosphériques en juin de l’an dernier et l’album, enregistré lui aussi l’an dernier, sort le 24 juin.
Fini les Stoned Popes, bienvenue le Yalta Club. Pourquoi avoir changé de nom ?
On a changé effectivement. Déjà parce que, comme je l’ai dit, la formation a bougé. On n’était plus ce groupe étudiant qui faisait des reprises. Puis, l’autre raison, c’est que les gens n’arrivaient pas à dire le nom, ni même pour certains à l’écrire sans faute sur les affiches (rires). On va donc dire que c’est un changement de nom circonstanciel.
Avez-vous joué au « Bal du VTT » du côté de Vertou ou à « La Fête à la moule » de Pornic ?
T’es pas tombé loin avec Vertou (sourire). J’ai souvenir de la Fête du marché fermier à La Chapelle-sur-Erdre, à jouer dans un camion ouvert. Il n’y avait personne pour nous regarder, mais juste à côté les anciens mangeaient un immense cassoulet ou je ne sais quoi. En plus, les organisateurs avaient mis derrière nous deux immenses frigos. On a fait quelques trucs épiques comme celui-là.
Depuis, quelle scène vous a fait rêver ?
On a fait la première partie de Madness au Trianon. La salle était complète et l’accueil du public a été très bon. Sur des scènes de 1500 comme ça, tu te fais plaisir. Idem sur la première partie de Dionysos en province. Le Divan du Monde en octobre, rien que pour nous, c’était cool. De grosses scènes étudiantes avec 2000 à 3000 personnes font aussi de bons souvenirs. Maintenant, c’est difficile de n’en dégager qu’un. Ah oui, après le Point Ephémère qui sera complet (le 6 juin), on fera une date d’ici la fin de l’année au Trabendo.
Un lieu commun dit qu’il est plus facile d’écrire le moral dans les chaussettes qu’en période joyeuse. Quel est donc votre secret ?
Généralement, on se réunit et ça nous vient naturellement de jouer des morceaux joyeux, même si certains sont mélancoliques. On a toujours une approche live. Avant même de proposer une maquette, on a pensé à ce que ça donnerait sur scène. On ne peaufine pas longtemps nos morceaux sur ordinateur. Au final, faire de la pop mélodieuse et un peu joyeuse, c’est plus original que de proposer des accords mineurs.
Sur scène, chacun joue au cordeau ou laissez-vous une vraie part d’impro ?
On fait tout pour que le morceau enregistré soit différent pour le live, tout en gardant forcément la structure. Il faut garder une certaine spontanéité.
Un groupe à six à l’heure où la musique se vend peu, on pense que l’argent ne vous intéresse pas…
Sans être trop démago, d’un point de vue pragmatique, on cherche à en vivre en étant intermittent. L’essentiel est dans l’impression d’avancer de manière linéaire. Ce que l’on connaît : qu’on soit plus programmer, que les salles soient plus grosses, etc. On ne se projette pas en 2020, mais plus dans deux ans. Dans le groupe, on a arrêté nos anciens métiers de six mois à un an et demi selon les cas. On ne se fixe pas de limites, mais on est lucide. On a aussi la chance d’être dans un label qui ne nous demande pas de compromissions.
Pour pallier les ventes d’albums, seriez-vous prêt à un merchandising offensif, comme le sex-toy Yalta Club ?
Ça pourrait nous faire marrer (sourire). Pour ne pas tomber dans le tee-shirt noir avec les dates de la tournée, on s’y est mis un peu. Je tiens à préciser qu’à la fin des concerts, le public achète nos disques contrairement à ce qu’on entend partout. Les gens aiment encore avoir un disque dédicacé.
Votre public se compose plus de groupies ou de mecs de 40 piges ?
On est content car avec nos influences larges (Cake, Calexico…), on parle à pas mal de monde. Des gens de 55 ans aiment bien, mais il y en a aussi de 15 ans. On ne voit pas le public comme une cible : « Allez, on va toucher les 15-25 ! ». Perso, j’adore les frères Coen au ciné car ils font à la fois un truc pointu et grand public. Il faut que ça parle au plus grand nombre, car faire des concerts devant dix personnes, c’est pas top.
A l’instar de La Fouine, pour combien accepteriez-vous de devenir jury dans Pop Stars ?
Il est jury dans Pop Stars ? Faudrait voir avec les autres membres du groupe, mais je ne prends pas de risque à dire que ça nous viendrait pas à l’esprit. Après, en termes financier et de notoriété, il va y gagner à participer à ce genre d’émissions. Honnêtement, avec trois autres Yalta Club, on est tombé sur The Voice. On a reconnu que les candidats avaient au moins le mérite de savoir chanter, ce qui n’est pas le cas d’autres télé-crochets. Ce qui nous gêne, c’est que les mecs vont dire « J’adore ton univers ». Ils vont faire un disque dont aucune musique ou parole ne sera de lui. On est loin de ça vu qu’on compose tout. Eux, ils arrivent avec une reprise à la mode avec des bêtes de musiciens qui mettent une note « reggae-pop ». En gros, le public tient plus compte du style de la personne (« Ouah, il est beau-gosse ») que de la musique.
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