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Wild Nothing, l’aventure peu risquée

2010, le disque Gemini traduit un certain retour du shoegaze et de la dream pop par sa grandeur romantique. Deux EP et un album dans la lignée du premier plus tard, Wild Nothing s’aventure au-delà de sa douceur nostalgique et propose un album aux textures gourmandes. Mais attention à l’écœurement pour les appareils digestifs sensibles.

Derrière Wild Nothing, un seul homme, l’Américain Jack Tatum. Bercé par des questions existentielles, il recycle subtilement les sons d’époques et de styles différents. Des années 80 avec The Cure et The Smiths, les 90’s avec Cocteau Twins, aux années 2000 avec MGMT, ou Deerhunter. Depuis ses débuts, Tatum propose une musique à l’innocence et à la pureté ancrées dans la nostalgie. Sur ce troisième album, il agrémente ses arrangements de nouveaux instruments : xylophones, percussions, saxophone. Des notes de funk et de disco se glissent même dans « Reichpop » et « Whenever I ». Les arrangements de Life of Pause sont gourmands, parsemés de synthés sucrés. Et, pour la première fois, Tatum nous propose une musique pas si douce que ça avec l’électrique « To Know You » et ses riffs de guitares saturées.

Parfois, la structure des différentes chansons n’est pas toujours évidente à aborder, à comprendre. On se perd un peu et il peut être difficile de capter naturellement les aspirations de Life of Pause. Les enchaînements sont parfois abrupts. On est pris d’un hoquet lorsque la très naïve et pop « Life of Pause » laisse place à la ballade nocturne aux synthés langoureux « Alien », sommet de cet opus. Si Tatum se détache quelque peu de l’étiquette dream qui lui colle à la semelle depuis ses débuts, ce disque ne contient pas de réelles surprises. Life of Pause est certes un bel album, assez technique de part ses arrangements, mais il est dépourvu de moments réellement marquants.

Jack Tatum ne semble pas oser sortir de ce pessimisme rêveur et prendre davantage de risques. Peut-être se complaît-il dans ce son agréable qu’il a su trouver dès ses débuts, ou est-il trop taraudé par ses questions existentielles. Espérons que ce léger écart aventureux le conduise vers une suite plus prometteuse encore pour Wild Nothing.

Sinon, si ça te dit, l’Américain et ses deux musiciens se produiront au Point Ephémère à Paris le 20 juin. Et qui sait, peut-être retrouvera-t-on les étincelles manquantes en live.

Crédits photo : Shawn Brackbill
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