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Warpaint au Trabendo : on ne meurt pas qu’une fois

Ne pas vouloir être ailleurs que là où l’on se trouve à un moment précis. Voilà un sentiment rare que vous avez déjà probablement dû ressentir (dans son lit un soir d’orage, pendant l’orgasme, ou simplement le vendredi soir au troquet du coin). Et dans ces moments-là, on a la sensation de pouvoir mourir, on peut se lover dans chaque parcelle de demi-seconde, incarnée par les décibels des quatre musiciennes célestes desquelles chaque prestation est une invitation onirique. Report de la soirée du 20 janvier au Trabendo.

« Love is to die » : on ne meurt pas qu’une fois. Si la théorie est vraie, alors, nous sommes nombreux à être mort de Warpaint, au Trabendo le 20 janvier.

Le cocon a bien été préparé par All We Are, trio léger, à la pop aérienne composé d’une batterie minimaliste, d’une guitare un brin expérimentale (petites notes à l’archet, le surréalisme d’un shred audible et mélodique) et d’une basse faisant danser ses lignes. Modestes et sympathiques, les trois chantent angéliquement, avant le grand enchantement. All we are se retire modestement.

Mais voilà ce que chacun ce soir-là a attendu religieusement, des paillettes dans les yeux, le cœur sautillant : Warpaint. Première date de la tournée de 2014, premier jour de sortie de leur second album éponyme : honneur et excitation, comme une première fois. Depuis leur concert au Pitchfork Festival à Paris cet automne, on ne les avait pas revues en France, et cette fois c’est dans une ambiance intimiste, un huit clos magique de 700 personnes.

En guise de préliminaire : Love is to die, la chanson la plus pop de leur album, diffusée fin de l’année dernière pour satisfaire le désir féroce de fans. Cliquetis sur la clave de la caisse claire de Stella Mozgawa (dernière arrivée du groupe et pourtant à l’évidence son pilier en live) et Theresa Wayman, sublime, abandonne sa guitare pour se prêter au jeu du chant lead, dont elle détient la garde alternée avec Emily Kokal.

L’une brune tout de noir vêtue (Theresa), l’autre blondie et en blanc (Emily), alternent les chansons, mêlent leur voix, puissantes et douces, et incarnent le mysticisme de leurs nouvelles compositions. Toujours empreintes de la même signature, faites à l’encre de la mélancolie et sublimées dans une forme qui leur est propre. Les sons nébuleux passent au travers de structures anarchiques aux transitions lisses : des aurores boréales dans les oreilles et qui parcourent l’échine.

Sur scène Jenny Lee Lindberg charme, tant par son jeu de basse, que celui de son déhanché, voguant sur les échos qu’elle envoie. Biggy ou Hi : tous les nouveaux simulacres présentés renversent en une caresse sonore, même avec des fautes de départ, notamment sur Feeling Alright. « Sorry guys, first time we play this song on stage » confesse timidement Theresa, terriblement gênée alors que la moitié de la salle a envie de l’enlacer.

Si les chansons de « The Fool », album précédent sont peu nombreuses, elles restent teintées de la même alchimie : Billie Holiday touche au plus profond, Composure éclate les sens, Elephant, en rappel, est jubilatoire : les petites déesses glorifient même le Trabendo d’une improvisation.

Comme si elles se sentaient bien ici, à ce moment précis, sans vouloir être ailleurs.

Crédits photo : Robert Gil

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