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Vox Pop : « On tient surtout à ne pas perdre nos illusions »

Vox Pop, l’un des magazines de musique les plus alléchants de ces dernières années, s’éteindra avec l’année 2012. La poignée de passionnés qui l’anime estime que l’aventure doit s’arrêter là, pour éviter le numéro de trop. Interview de son fondateur Jean-Vic Chapus, déjà en marche vers d’autres projets.

Après 5 années en kiosque, Vox Pop s’arrête. Pourquoi ?

Parce qu’on conçoit les choses différemment et parce que, pour l’ensemble de ceux qui ont lancé ce journal, un magazine c’est une expérience qui ne doit forcément s’inscrire dans la longueur. On tient à rester fiers de ce que l’on a fait en partant de (presque) rien. On tient surtout à ne pas perdre nos illusions et toutes les belles choses que nous avons construit en regardant un secteur (presse, mais aussi musique) devenir de plus en plus incertain.

Tu parles d’une décision « pragmatique et romantique »

Le pragmatisme c’est car on n’a pas les moyens de passer une étape supplémentaire dans notre vie de magazine et de structure. Cette étape c’est celle qui voudrait que, maintenant que le nom du magazine existe, que les lectrices et lecteurs viennent de plus en plus nous lire et nous regarder, l’on se projette en avant. Essayer de s’ouvrir à d’autres sujets, augmenter sensiblement notre tirage sans flamber. Juste progresser encore. Désolé, mais même si les idées et les envies sont là on n’est pas sûr qu’on soit de taille structurelle à faire ce grand saut. D’où la décision « romantique » : gardons les choses en l’état et ne basculons pas du côté de ceux qui pourraient s’acharner à tenir un journal faute de mieux.

Quels moments gardes-tu en tête ?

Dans le détail tous. Des reportages sur la musique et la scientologie, des rencontres passionnantes et au long cours avec ceux qui ont fait NTM, des rencontres avec des DJ’s de mariage… Bref, des papiers qui parlent de la musique différemment de ce que l’on peut lire, des photos au top aussi et une maquette à tomber. Mais en fait le plus beau souvenir ça restera sans doute d’avoir travaillé avec une équipe géniale. Des gens qui se sont agrégés au projet sans savoir où cela allait nous mener et qui, tous, ont permis que ce magazine devienne réellement ce que l’on avait en tête au début : un magazine musique et culture singulier, exigeant, curieux et esthétique.

Comment Vox Pop s’est-il démarqué des autres mags culturels à ton sens ?

En nous détachant de la sacro sainte loi de l’actualité qui rime – malheureusement – souvent avec les rythmes promotionnels qui ont cours dans la musique et le reste. On voulait donner de la longueur et du recul à nos textes et photos. Alors on s’est dit qu’on n’allait pas suivre la course à l’actualité qui souvent est nettement mieux traitée sur le web.

Vox Pop a trouvé son lectorat pendant ces cinq années, mais ferme boutique. Cette aventure t’a-t-elle rassuré ou inquiété quant à la santé de la presse papier ?

Difficile de répondre de façon définitive à ça. Je crois quand même que cela nous a d’abord rassuré. Bah oui, pas grand chose au départ ne permettait d’imaginer qu’on allait vivre cinq années. Rien parce que : petit capital, équipe jeune, business du disque qui se crashe chaque jour un peu plus contre un platane et se reprend un chêne ensuite, projet casse-gueule de refaire des choses longues alors que les (toutes) petites rubriques se multiplient dans la presse spécialisée.

Finalement on a tenu. On a trouvé des lecteurs. On s’est chouettement développé. Par contre, ce qui m’ennuie toujours un peu ce sont les gens qui parlent de Vox Pop en nous félicitant d’avoir fait différemment, mais qui ont l’air résignés à ce que notre expérience forme une des exceptions dans le paysage. Les choses ont quand même tellement changé ces dernières années, qu’on devrait être plus nombreux à concevoir un magazine comme quelque chose de différent et d’humain.

Tu serais encore prêt à lancer un mag en 2012, avec tes propres deniers ?

Lancer des magazines sans problème, parce que c’est quand même le métier le plus amusant du monde et même le stress que cela occasionne est un bon stress. Et puis j’y crois toujours à l’avenir de ce métier. Sur le papier, comme sur le web. On peut même travailler main dans la main sans aucun souci de concurrence ou d’ego mal placé. Faut juste trouver le bon dosage. Par contre le coup de la boîte sur des deniers personnels on est beaucoup à penser à Vox Pop qu’on n’est quand même pas des rois du marketing et que si les choses revenaient on adorerait travailler avec des gens qui ont des visions de ces métiers. Et ça se trouve encore les visionnaires…

Quels sont tes projets et ceux de l’équipe Vox Pop ?

Dans l’immédiat un dernier numéro qu’on aimerait impeccable et une fête de fin dont on se souviendra. Après, c’est difficile de se projeter dans l’avenir, mais la seule certitude c’est qu’on a crée quelque chose et de ce quelque chose on a crée un lien entre nous et aussi entre nous et ceux qui nous ont lu ou soutenu. La vie est longue. Et je suis tout sauf quelqu’un qui pense en termes définitifs.

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