Pourquoi nous ne sortirons pas la vidéo de VALD au Vélodrome

La team Sourdoreille était à Marsatac ce week-end, pour la première édition du festival marseillais sur son nouveau terrain de jeu : le parc Chanot, collé au Stade Vélodrome. Le festival a même annexé une partie du mythique stade de l’OM pour accueillir les artistes avant leur concert.

L’occasion est trop belle pour lier musique et foot en réalisant une session au sein du Vélodrome. L’équipe Marsatac est du même avis. Plusieurs jours avant l’événement, elle négocie avec le stade pour l’autorisation d’une session musicale dans la tribune adjacente aux loges artistes. Après quelques hésitations, le Vélodrome accepte.

Reste à trouver l’artiste. Sourdoreille en parle à l’entourage de VALD qui accepte de relever le challenge. Le roi du troll, très peu fan de foot, et encore moins du PSG, nous fait rapidement part de son idée de chanter avec un maillot de Paris. L’idée nous botte bien et on lui dit de foncer.

Vendredi 23 juin, trois heures avant le concert de VALD, on réalise le tournage, comme prévu, avec le maillot du PSG. Juste après le tournage, le rappeur poste sur ses réseaux une photo de lui. Et c’est alors le début d’un déferlement médiatique, puis politique, puis judiciaire.

Que s’est-il réellement passé ? Les internautes ont massivement commenté et partagé la photo. Une partie des supporters marseillais se sont indignés, certains ont même été menaçants. D’autres ont demandé aux responsables du stade, mais aussi de la ville, comment ils avaient pu laisser passer un tel affront. Jusqu’ici, tout est normal. C’est le web, le foot, le troll. VALD a réussi son coup et pique là où c’est sensible. Et à Marseille, c’est l’OM. Mais rien de grave.

On aurait pu penser que poster une telle photo juste avant son concert était légèrement suicidaire. Mais pas du tout. Les milliers de Marseillais présents à son concert ne le siffleront pas une seule fois. Il y a eu bien quelques chants « anti-parisiens », mais toute l’audience connaissait le côté provoc et second degré de VALD. Et c’est pour ça qu’ils l’aiment. L’ambiance du concert sera donc excellente et très bon enfant.

Nos équipes étaient donc en train de préparer la vidéo pour la diffuser au plus vite. Sauf qu’entre-temps, le festival nous demande de mettre en attente la diffusion publique afin de pouvoir montrer (et faire valider) la vidéo au Stade Vélodrome. La mairie de Marseille contacte même l’équipe du stade pour faire pression et s’indigner. Ce lundi, Arema, la société qui gère le Vélodrome, va même encore plus loin. Elle prend contact avec un avocat pour étudier la possibilité d’une action en justice envers VALD. Sachant très bien qu’elle ne peut pas porter plainte pour le port d’un maillot du PSG (jusqu’ici, encore autorisé en France), l’équipe du stade explique qu’elle n’a pas donné son accord pour un tel tournage. Aux dires de nos interlocuteurs chez Marsatac, c’est totalement faux.

Le festival, pris dans ce tourbillon, nous a expliqué que, si l’on diffusait la vidéo, cela leur poserait de sérieux problèmes, notamment dans l’optique de préparer au mieux l’édition 2018, celle des 20 ans du festival. Soucieux de ne pas porter préjudice à un festival que nous portons particulièrement dans notre cœur depuis des années, nous avons, la mort dans l’âme, accepté de ne pas diffuser la vidéo.

Nous sommes profondément attristés de ne pas pouvoir vous offrir une vidéo au potentiel géant et à l’image du personnage VALD, une vidéo qui résume parfaitement l’esprit subversif d’une frange du rap français. VALD termine même sa session par le signe de Jul, qu’on ne pourra pas taxer d’être anti-marseillais.

Mais au-delà de cette déception, c’est la position de la Ville de Marseille et du Vélodrome qui pose réellement problème. Car une poignée de personnes influentes a fait pression sur un festival pour bloquer la diffusion d’une vidéo réalisée par un média. Une vidéo qui ne comprenait aucun acte violent, aucun appel à la haine, aucune insulte, mais un maillot du PSG.

On comprend aisément que cela ne plaise pas à la Mairie de Marseille ou au Vélodrome. Mais, dans une démocratie, on ne devrait simplement pas pouvoir empêcher un artiste de s’exprimer et un média de pouvoir produire des vidéos, le tout, en respectant le cadre légal.

Surtout, ces quelques responsables ne comprennent pas qu’une dizaine de commentaires excités et haineux sur Facebook et Instagram ne devraient pas influer sur des décisions. La plupart des Marseillais sont surement un peu choqués de la provocation de VALD. Mais nous pensons que ces Marseillais comprennent le second degré et la provoc. Et qu’ils ne sont pas pour l’interdiction de diffuser publiquement la vidéo déjà tournée, et encore moins pour la poursuite judiciaire de l’artiste.

A défaut de pouvoir vous offrir cette vidéo, nous vous proposons un titre du live de VALD à Marsatac, quelques minutes après son horrible crime de lèse-majesté.