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Vampire Weekend, les temps mélangés

« Il y a toujours deux façons de percevoir les choses : active et passive. Tiens, prends cette chaise : est-ce que tu peux la regarder sans penser à la couleur rouge ? » Pour un vendredi après-midi, et après trois journées à enchaîner les interviews, les Vampire Weekend ont l’air plutôt en forme. Ils nous parlent du temps : hier, aujourd’hui, demain, dans leurs morceaux et dans leurs têtes, tout se mélange en une palette colorée. « Modern Vampires Of The City » est comme un tableau qui serait recouvert de plusieurs couches de peinture. Attirant dès le premier coup d’œil, il dévoile d’autres facettes si on l’écoute de plus près. Vous avez de la chance, on en a cinq pour vous (voir en fin d’interview).  

Ce vendredi de février, on n’entendra qu’une fois le troisième album de Vampire Weekend dans les fauteuils moelleux de leur hôtel. Mais finalement, une seule écoute suffit pour être rassuré sur un point : les New-Yorkais sont toujours aussi bons dans le rock rasé de près, à la fois saturé et sophistiqué, mélange de la crasse des Black Keys et de l’efficacité proprette des Kooks auxquelles on aurait ajouté une pincée de musique classique et de rythmes sud-africains (même si c’est moins le cas sur ce dernier album que sur les deux précédents).

C’est Rostam (guitariste/pianiste) qui a déniché cette photo de Manhattan envahie par le smog, prise par Neal Boenzi et publiée le 24 novembre 1966 dans le New York Times. Un souvenir du passé, donc, dans la lignée de leurs précédentes pochettes d’albums aux couleurs d’autrefois. Mais elle pourrait aussi être une vision de l’avenir : « Depuis, ce problème [de smog] a été réglé, mais globalement la Terre est beaucoup plus polluée, et peut-être que cette image montre New-York telle qu’elle sera dans le futur ».

Ce rapprochement des époques et des lieux, on le retrouve dans leur musique. Il nous explique : « La musique baroque fait partie de nos inspirations, et c’est en l’écoutant qu’on a appris à l’aimer. Il s’agit juste d’avoir une écoute active, d’essayer de comprendre ce qui compose le morceau, et de le retranscrire dans sa tête, ce qui te permet, en tant que musicien, de t’en inspirer par la suite. » Et pour la perception passive ? « Cette chaise, tu l’as peut-être regardée, mais sans vraiment penser au fait qu’elle était rouge, non ? ». Euh, OK.

Mais si le quatuor se plaît à écouter ces musiques d’autrefois, ce n’est pas vraiment par nostalgie. Chris B (batteur) nous éclaire :  « Au final, peu importe qu’on ait une envie folle de vivre en 1966, ou à un autre moment, ce qui nous paraît important, c’est de nous positionner maintenant ». Il utilisera aussi les mots « frais » et « excitant », faisant référence à leur recherche d’un son nouveau (au sens d’unique, ou du moins rare). C’est d’ailleurs là que se trouvait la principale source de pression pour ce troisième album, « ne pas se répéter par rapport aux deux premiers albums, et en même temps être fier de ce nouvel effort, et avoir envie de le partager ».

Pour ce qui est du changement par rapport à « Contra » paru en 2010 ou leur album éponyme datant de 2008, c’est réussi. On passe à un son bien plus large, plus riche. Plus sombre aussi, avec une subtile touche de romantisme tragique qu’on retrouve même sur les rayonnants Unbelievers ou Finger Back. Comme si, derrière ces mélodies en apparence insouciantes, pointait une certaine conscience des réalités.« Peut-être qu’on vieillit et qu’on comprend mieux comment le monde marche » confie Rostam.

« Modern Vampires Of The City » s’écoute donc plusieurs fois, comme on reviendrait sur un tableau où par endroits la couleur s’efface pour laisser apparaître un dessin en noir et blanc. Ils en sont conscients : « C’est moins immédiat, mais plus enrichissant. » Et s’il nous apparaît comme un tout, ce n’est pas un album-concept comme on l’entend généralement. « Pour nous, un album-concept, c’est simplement une façon de penser. Les liens entre les morceaux, au niveau de la composition et des paroles, sont généralement des accidents. On ne s’en rend compte qu’après ! » raconte Rostam.

Au milieu de cette aventure citadine, une rose ouvre lentement ses pétales : Hanna Hunt, enregistrée fenêtres ouvertes. C’est une sorte de road-trip imaginaire, centré autour du chant en harmonies de Ezra et moi sur le refrain. Derrière, il y a juste le squelette du morceau », précise Rostam. On retiendra aussi Step, ballade en noir et blanc et la fantômatique Hudson. Young Lion, comptine sur piano légèrement désaccordé, clôt cette œuvre contrastée qui nous montre d’une bien belle manière que finalement, tous les temps ne font qu’un.

On a cinq copies de ce bel album paru chez XL Recordings/Beggars à vous faire gagner : écrivez-nous à concours@sourdoreille.net avant le 24 mai à 12h avec comme objet « Albums Vampire Weekend » et vos coordonnées postales.

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