Vakula est guide touristique, option territoires vierges. Son souffle rassure quand s’avancent les marcheurs angoissés, embarqués dans l’exploration d’un monde ancien. Ici, l’homme n’a pas encore eu le temps d’investir cette nouvelle terre avec la mesure, l’ouverture et l’humilité qu’on lui connaît. Alors, la troupe navigue à vue avec un meneur dont personne ne pipe mot : « Слава УкраЇні ! » crie-t-il au groupe. Qui sourit, timidement. Que sait-on réellement de ce dont est capable l’écho de la voix de Vakula ? « Mieux vaut ne pas trop se mouiller » semblent conclure les suiveurs, tête basse, regard fuyant.
La plaquette disait pourtant « DJ et producteur house ukrainienne », alors ignares qu’ils sont, ils ont chaussé leurs plus belles grolles, paillettes et boules disco enguirlandées, prêts à rentrer dans le club. Pareille idée avait traversé l’esprit des précédentes équipes, les années passées, lors de la sortie de ses précédents albums A Voyage To Arcturus et You’ve Never Been To Konotop, mais que voulez-vous, l’homme n’apprend pas. Refait les mêmes conneries. Et tourne en rond. En souriant bêtement.
A la place, l’équipe se retrouve sur une barque qui vogue avec la lenteur, la forte gravité et la lourdeur de l’atmosphère d’une rivière amazonienne. L’étrange ne s’arrête pas là. En regardant de plus près sous le bois de l’embarcation, horreur et désolation, il n’y a pas l’once d’une goutte d’eau! Les flots ne sont ici que d’épaisses fumées compactes. Des leurres fantomatiques, venus d’un autre monde pour les hanter. Mais ce n’est pas un nouveau monde qui s’est invité sur Terre, simplement la troupe qui l’a depuis bien longtemps quittée.
Vakula a beau avoir signé son dernier disque Cyclicality Between Procyon & Gomeisa chez le label Dekmantel, aussi à l’origine du festival du même nom à Amsterdam (Pays-Bas, Europe – Terre), il s’est empressé de cocher la case « tout doux, tout doux, le dancefloor. » Si, si… cette case existe. Son essai aurait au contraire bien pu devenir la bande-son de La Planète Sauvage si le film n’était pas sorti en 1973 sous le regard de René Laloux et l’oreille d’Alain Goraguer.
Mais derrière les branchages neptuniens, les ronces cryogénisés et les essaims de comètes, les bidouillages non-câblés de notre ami ukrainien révèlent parfois des points d’accroche familiers : jazz, blues, dub, funk, minimalisme. Et tout le monde de se regarder ébahi. Car oui, Vakula, l’écho de l’Ukraine et des mondes parallèles, est humain après tout. Et son monde sauvage leur apparaît d’un coup plus humain que celui de leurs origines.
Retrouvez note portrait de Vakula sorti en 2014, il est moins perché, promis.
Vous n’avez rien compris ? La tracklist parlera d’elle-même
A1 Cyclicality Between Procyon And Gomeisa
A2 Acteon
A3 Flying Over The Sirius
A4 Dim White Dwarf
B1 Takahashi E-180
B2 Double Star System
C1 Overcoming Distance
C2 Deep Motivation
D1 8600 KM Radius
D2 Intergalactic Funk
E1 Gomeisa Blues
E2 Tommasi Planet
F1 11.41 Light Years
F2 Sensei Revelation
L'album est sorti et en écoute sur les plateformes de streaming en ligne, mais aussi en CD et en LP. Foncez.
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