Un peu caché par l’ombre des géants Tame Impala, Unknown Mortal Orchestra fait pourtant partie des groupes les plus intéressants de ces dernières années dans ce qu’on appelle communément le « renouveau psychédélique ». Le dernier album de la bande menée par Ruban Neilsan, Multi-Love, opère un virage funk aussi impeccable que surprenant, comme un doigt d’honneur dressé vers les standards calibrés et quelque peu surfaits de la musique indie.
Il aura fallu 10 mois de gestation à Ruban pour écrire, composer et enregistrer ce disque nourri de nouvelles expériences. Ces expériences, ce sont celles de l’amour multiple, celui qui se traduit aussi bien sous des formes psychiques et physiques, voire spirituelles. Neilsan a tenté de transmettre ses ressentis et ses émotions dans des chansons aussi solaires que graves, une dualité qu’on retrouve aussi bien chez l’homme que dans sa musique. Tandis que des arrangements lumineux et des rythmes enjoués narguent sans cesse nos jambes, les paroles sont toujours porteuses d’une certaine anxiété. Figure centrale de l’album, la voix se revêt d’une robe de groove satiné, transformée et bricolée, parfois peut être un peu trop.
Au-delà de ces expériences, la source même de cet étonnant virage musical perpétré par l’orchestre est bien plus intéressante. A en croire ses dires, Ruban n’est pas du genre à surfer sur ses succès précédents. Loin de lui la volonté de se répéter, il semble aussi qu’il ait été lassé par la fâcheuse politique des maisons de disques indés voulant que chaque filon à succès soit exploité jusqu’à l’écœurement en quête de vues YouTube. Cette fois, l’exilé à Portland s’est tourné vers les influences de son enfance, la musique qui groove, celle qui fait danser, celle qui réchauffe le cœur du plus gros des glaçons : le funk bien sûr. Les guitares sont désormais en retrait pour laisser place à un foisonnement de textures qu’apportent les claviers, cuivres, et même une sitar.
Notre interview du leader du groupe en juin 2015
Lassé de « faire de la musique de blanc pour les blancs », Ruban Neilsan déroule 9 chansons aux inspirations tantôt jazz, tantôt R’n’B, tout en conservant un son lo-fi aux relents psychés.
Désireux de se réinventer, le garçon au visage poupon a composé un quatrième album aux influences sixties assumées et au résultat surprenant. A l’image de « Ur Life One Night », perle disco funk semblant réinventer un hit qui aurait été écrit par Stevie Wonder, chaque morceau s’avère parfaitement déroutant. Le « R’n’B psychédélique » de Ruban en surprendra plus d’un, à commencer par lui même.
0 commentaire