Une journée en musique

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Mondkopf – Bain du Matin. Tout doux, tout doux… Non, pas tout doux, putain. J’veux de l’émotion quand je me lève, me sentir vivant. Si le soleil a l’habitude de se lever avec ou sans moi, ce matin, il va m’entendre gueuler dans mon bain. Mon bain du matin.

Girls in Hawaii – 9 A.M. Réflexion faite, la vie est une douceur. Considérant que le mot épicurien correspond à la fois à mon oncle qui jardine dans la Creuse et à un mec complètement défoncé à la kéta en after, je l’omettrai pourtant volontiers. Par pudeur.

The Black Keys – 10 A.M Automatic. Une journée en musique rappelle avant tout qu’une journée par définition est une journée de bruit. A l’arrêt de bus, au passage piéton, au boulot. C’est comme le blues rock actuel : une tartine de bruit, parfois beurrée de talent.

The Strokes – 12:51. Au fond, je le savais que ce couscous était une mauvaise idée. Me voilà qui vacille, qui tremble, qui sue, apeuré de croiser mon collègue trop bavard. Une larme me sort presque de l’œil, je suis a bout. Je voudrais être loin, très loin du monde.

Sttellla – Qu’elle heure reptile ?. Quelle pourcentage de chances y avait-il pour que je me retrouve à courir dans tous les sens, en retard pour un des rendez-vous fictifs qu’on se programme dans une journée ? Fictif, car rien n’est vrai. Vous êtes des animaux. Des reptiles.

Soklak – 14h du mat. Une sieste crapuleuse n’est pour moi que la signification que je me suis endormi sur un banc public. De loin le meilleur moment de ma journée, je me retrouve partiellement excité, devant une foule de passants visiblement pas préparée.

Danger – 14:54. J’arrête tout, c’en est fini, j’envoie tout valdinguer. Personne n’emploie plus le mot valdinguer et pourtant moi si. La voilà la révolution intérieure, le cri du cœur, la rage du dedans. Il est presque 15h et ma vie est en train de changer.

Starland Vocal Band – Afternoon Delight. Quand on parle des rayons du soleil, on imagine toujours qu’ils coulent sur notre corps comme un liquide doré. Alors qu’en fait, c’est juste un concentré d’UV super violents qui amènent au cancer de la peau. Voilà l’état de mes réflexion, dans un parc municipal. Seul, après ma démission.

Svinkels – Happy Hour. « Get drunk, get stupid, get fucked, get freaky ». Ces mots résonnent de plus en plus au fond de mon crâne récemment libéré. En même temps, j’voudrais que ces deux heures durent toute ma vie, moi aussi.

Cuizinier – Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? J’aimerais qu’on me pose cette question. Bon, à la place, ça sera « salade tomates oignions chef ? » La fringale du samedi, y’a pas 1000 moyens de la guérir.

Simon And Garfunkel – 7 O’clock News. « Deux blessés graves dans un open-space des plus bureaucratiques. Un homme morose aurait été vu s’enfuyant du lieu austère un attaché-case ensanglanté à la main. » Quelle idée de me faire bosser le week-end aussi.

The Cure – 10:15 Saturday Night. Les gouttes qui se forment sur ma pinte sont dues à la condensation. Toute la pression accumulée depuis des années ruisselle sur mon visage. Pression sociale, pression pur malt, l’abus de santé est dangereux pour l’alcool.

Mansfield.Tya – 22h38. J’aurais jamais pensé être à Sin City. Mieux vaut pas traîner. Les condés rôdent. Les cons dérobent. Sale histoire. Tout ça, c’est dans ma tête.

Aesop Rock – 11:35. Déambulations nocturnes, là où « le vent nous port… » ah non ça c’est une autre playlist. Playlist ? Mais qu’est-ce que j’raconte. La faute à ses foutues enseignes en néons si j’tourne plus rond. A peine le temps de poser les mirettes dessus qu’elles grillent tout sens de réflexion.

Wilson Pickett – In the Midnight Hour. L’exutoire se pointe au coin d’une rue. L’amour en XXL à portée de billets. Finalement, où est le mal ? Je la rejoins, je repars, je fais les cent pas, me décide puis abandonne. J’ai perdu dix minutes à tourner autour de son pot.

Sébastien Tellier – Une heure. La nuit a le goût du cul. L’humanité arrive à son terme sans avoir rien décelé du pouvoir et la subtilité de la nuit. Le soleil se couche, c’est tout ce qu’on a compris de l’insondable profondeur lubrique de la nuit.

Johnny « Guitar » Watson – Three Hours Past Midnight. Sortie de club, retour à la réalité. Bah oui, c’est bien marrant de boire des coups dans un cube noir, mais pas simple de finir à 6h en chantant la vie. Après le boum boum ne me reste plus qu’une mélodie blues en tête. Ça, c’est de la musique, fils.

Method Man – 4:20. Ma démarche chaloupée me fait marrer. L’impression d’être ghetto alors que je ressemble à Quasimodo. Mais je me la joue à fond, de gauche à droite, comme une pendule gangsta. J’essaierais bien de m’en rouler un, mais mon vrai truc, c’est plutôt le Yop.

The Who – 5:15 . Cette marche est interminable. Il fallait attendre 5h pour que je rencontre des gens prêts à me parler. J’ai beau crier de me laisser tranquille, rien n’y fait, il continue de me parler de son projet de changer le monde. Ensemble, et à quatre grammes, nous allons faire du très bon travail.

Lauryn Hill – Final Hour. Rentrer a du bon, mon esprit est vide, mon regard vague, mon teint pâlo. Il fait jour maintenant, et je n’aurais pas cru possible qu’un rayon de soleil attise chez moi autant d’angoisse.

Europe – The Final Countdown. La glissade violente que je me tape juste avant de m’affaler sur mon lit vient de nulle part. Je relativise : jusque-là, finalement, rien n’était si grave. Je me fais chier à passer 24h dans ma tête avec moi-même pour réduire à néant mon changement intérieur par un parquet humide. Au moment où tout finit pour moi, rien ne change dehors.