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Un fan de festival a-t-il sa place à la Fête de l’Humanité ?

Cocorico, nous voici à la Fête de l’Huma. Vu qu’on n’est pas des chiens on vous donne quelques raisons pour aller au moins une fois dans votre vie à ce rendez-vous de rentrée. Vous avez beau adorer « Ready or not » des Fugees sans la comprendre, écouter « Ma Benz » de l’ex-duo de JoeyStarr (NTQUOIDÉJÀ ?) ou aimer la dernière émission de Drucker avec Voulzy, il se peut que vous ayez oublié que l’Huma est avant tout un événement culturel politique auquel le strict amoureux de musiques peut connaître ses déceptions. Et ses fulgurances.

En arpentant les allées de la Fête de l’Huma, un constat visuel opère vite : les tee-shirts aux messages politiques ont la préférence du public en comparaison au merchandising musical. Le Che sur ce gamin de 6 ans fait écho au « Retrait de la loi travail » de sa mamie alors que Soviet Suprem, Ludwig von 88 ou les Béru ne peuvent concurrencer la kyrielle de Bob Marley. La profusion de volutes de ganja inhalées par les fans de Danakil – formation reggae qui ouvrait le festival vendredi – rappelait aux mauvaises langues qu’on était (aussi) à un festival de musique.

Pour ne pas faire de langue de bois, la programmation ne nous a pas emballés plus que ça. Pour autant, la palette de couleurs musicales a le mérite de ravir toutes les générations. Il ne faut pas perdre de vue que la Fête de l’Huma reste, en premier lieu, le rendez-vous festif des communistes. « Et la rentrée politique que je n’ai jamais manqué depuis 1958 », comme le rappelle Jean, venu de Bagnolet. Pour autant, ouvrir avec un groupe renommé du reggae français et finir par le duo Souchon-Voulzy démontre une volonté de varier les plaisirs. Toujours drôle de voir parents et bambins danser au pied de la grande scène devant Lauryn Hill. Pas convaincu plus que cela par la chanteuse exilée des Fugees et la mixtape interminable (avant que la star n’arrive) et l’accordage de son guitariste nous ont passablement gâché le concert.

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La Canaille chante et vit son engagement sur la scène de « son » département.

La belle énergie du samedi, offrant un retour tant attendu de Ludwig von 88 et de JoeyStarr & Nathy sous le projet Caribbean Dandee, laissent peu de doute sur l’engagement des musiciens choisis. Pas sûr qu’on puisse en dire de même pour Michel Polnareff et les Chemical Brothers en soirée.

Si on ne devait garder qu’un moment, c’est la joie de tomber par hasard sur La Canaille. La seconde scène a vu une leçon d’analyse sociale chiadée. La rage des instruments trouve sa finalité dans la débauche incessante d’énergie de Marc Nammour. Ça chante juste, ça vise haut et ça pique là où il faut. Le meilleur analyste de trente années de politiques nationale et européenne centrées autour du libéralisme exacerbé s’appelle La Canaille. « Qui a une dette envers qui ? », s’interroge le collectif de Montreuil. Le festivalier venu pour la musique se pose la même question.

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La Grande Scène, selon les organisateurs, a une jauge de 90.000 spectateurs.

Pour qui vote à droite, la réponse à la question « Un fan de festival a-t-il sa place à la Fête de l’Humanité ? » est sans détour non. Conservateurs et xénophobes déguisés derrière une appellation républicaine auront du mal à supporter les discussions et slogans des sections PC faisant face à la grande scène. Mélange de fête foraine, lieu de débats, grand défouloir entre copains et en famille, la Fête de l’Huma n’en reste pas moins un festival de musique. Pas extraordinaire certes, mais à un prix imbattable (35 euros le pass 3 jours) dans une ambiance inaccoutumée, elle permet de vivre certains moments de grâce, signés La Canaille par exemple.

Crédit photo : T.D. pour Sourdoreille
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