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Twin Shadow, la rupture sentimentale

« Non mais j’écoute plus ce groupe, c’est devenu trop commercial ». Souvent, dans ce contexte, la signature chez une major considérée comme une trahison, signe la rupture sentimentale avec son ex-groupe fétiche. En grandissant, cette réaction s’estompe, on devient moins manichéen. Malheureusement, avec Twin Shadow et son dernier album Eclipse, on n’est pas loin de tomber dans le stéréotype.

Derrière Twin Shadow on trouve George Lewis Jr, un mec qui au moment de la sortie de son premier album Forget chez le label 4AD (une entité du groupe Beggars) est venu de nulle part pour proposer un univers s’inscrivant résolument dans une esthétique 80s, des pochettes aux clips. Il n’y a qu’à voir son clip « Slow » pour s’en faire une idée : qualité de VHS, moustache et veste en jean, murs lambrisée, moustachu portant des vestes en jean, gros kick de batterie et synthés : c’est Retour Vers Le Futur à l’époque YouTube.


Twin ShadowSlow

Mais le pire c’est que c’est ça marche : 11 morceaux terriblement efficaces et délicats entre new wave, dream pop, pop smithienne, tout ça sans tomber dans le cliché 80s.

Après cet album salué par la critique et le public indé, George Lewis Jr passe un cap. Il n’utilise plus Twin Shadow pour se cacher mais comme un avatar, une facette de sa personnalité. Avec Confess, son second album toujours chez 4AD, fini le mec un peu paumé et timide, le beautiful loser, George Lewis Jr prend conscience de son charisme, de ses forces et de ses faiblesses. Et en joue. La production est plus soignée, la musique se fait plus rock, plus masculine, tout en restant délicate et résolument ancrée dans les 80s. Cette facilité de renouvellement dans la continuité est impressionnante.

Pour ce 3ème album, George Lewis Jr a clamé vouloir faire un album plus pop, plus accessible au grand public, ne pas rester dans cette image indé et 80s. Le problème est qu’à vouloir faire trop efficace, on tombe souvent dans la facilité. La musique ne déroge pas à la règle, il ne suffit pas de décréter vouloir faire des tubes pour les réussir. Dans Eclipse, après un 1er morceau correct, même si un très Lenny Kravitz, la suite ne convainc pas du tout : l’ensemble est surproduit, plat, la voix est trop mise en avant pour cacher l’instrumentation quasi-inexistante dans la veine actuelle d’une pop R’n’B. Par-dessus le marché, l’écriture qui était auparavant soignée est bâclée et remplie de clichés.

Il faut attendre le 8ème morceau et son duo avec D’Angelo pour entendre un morceau qui a l’étoffe d’un tube. « Old Love/New Love » est catchy, entraînant et reste dans la tête. Ce n’est certes pas de la grande musique mais c’est ce qu’on demande à un tube.

Avec cet album, Twin Shadow a voulu aller « To The Top », se rapprocher des astres de la pop. Mais au lieu d’occulter le soleil, Twin Shadow semble plutôt avoir fait comme Icare ; il s’est brûlé les ailes. Il n’y a plus qu’à espérer pour lui que son morceau avec D’Angelo le protège de la chute fatale.


Twin ShadowTurn Me Up

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