L’extraterrestre androgyne Robert Alfons, de son nom de scène Trust, revient après son sublime « TR/ST », avec un deuxième album intitulé « Joyland ». Et si on aurait pu penser le corps céleste un peu abîmé, il n’en est rien, il est toujours sur orbite. Pénombre, tourments et ondes magnétiques.
« TR/ST » nous avait tant marqué par sa singularité que l’impatience suite à l’annonce d’un second album commençait à nous ronger de l’intérieur. Maya Postepski, accompagnant jusqu’ici Robert Alfons aux percussions, l’a quitté pour se consacrer entièrement à un autre super groupe canadien, Austra.
Il faut le dire, la critique fut laborieuse tant il a été difficile d’aborder ce disque et d’en préférer un angle de vue. Après maintes et maintes écoutes, cet opus s’avère être un concentré de titres brillants, le tout savamment articulé. « Joyland » ne cherchant pas à rivaliser avec son prédécesseur, on est loin des tubes clubbesques comme Dressed For Space. Il s’inscrit plutôt dans sa continuité pour mieux nous livrer une nouvelle facette de Robert Alfons. Capitol, titre majeur de « Joyland », exécute à merveille cette transition.
Les claviers aériens et les beats techno deviennent plus mélodieux à travers les morceaux Are we Arc ou Lost Souls/Eelings. La complexité caractérisant « TR/ST » semble avoir laissé place à une musique plus lisse : de la synth-pop teintée de l’atmosphère un peu glauque des années 80. Des airs italo-disco se distillent dans les nappes new wave. Chaque titre est dansant, presque léger. Comme si l’artiste avait doucement apprivoisé la gravité et la violence qui semblaient le tirailler dans son précédent album. Cela s’explique peut-être par le fait que selon lui, c’est l’énergie créée lors de ses lives qui l’aurait le plus influencé dans l’écriture de ce disque.
Mais chaque titre n’a pas vu le jour au cours de sa dernière tournée. En 2006, Robert Alfons sorti discrètement « Night Music », sous le pseudonyme de Robert Hiley. Plusieurs morceaux de ce disque figurent ainsi sur « Joyland » comme Capitol ou Peer Pressure. Ces derniers deviennent plus forts et plus exaltants. Mais c’est surtout la voix qui s’affirme, de plus en plus androgyne, si haut perchée puis tout à coup, très grave, porteuse d’une douce violence. Une performance vocale aussi subtile que lorsqu’il se charge de l’arrangement de ses synthés dans le mystique et très efficace Four Gut.
Entre le rêve hypnotique que l’on peut entrevoir dans le clip de Rescue, Mister, et le cauchemar, on ne sait pas trop où Trust veut finalement nous mener. La pochette de « Joyland », représentant un tunnel dont les néons l’encadrant sont les seules choses que l’on distingue, symbolise en quelque sorte ce mystère qui caractérise l’univers de l’artiste. Trust est un personnage sombre, et qui au-delà de ses tourments, dégage cette lumière aux ondes magnétiques qui électrisent les foules.
La fascination qu’exerce Alfons fonctionne toujours. Il jouera à Paris au Nouveau Casino le 9 juin. Rendez-vous pris pour un voyage hors de l’espace-temps.
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