Après le succès de « Creep on Creepin’ on », il aura fallu presque 4 ans au trio canadien Timber Timbre pour sortir « Hot Dreams », un nouvel album aux sonorités cinématographiques et soul. Pour un groupe qui cultive son culte du mystère, Kirk Taylor et Simon Trottier lèvent généreusement le voile sur leur dernier opus.
Si vous vous êtes un peu baladés sur les internets, vous aurez pu constater que le dernier clip de Timber Timbre n’a rien à envier à une bonne vieille virée dans Pigalle, la nuit.
Pour ce nouvel album, l’esthétique sombre, chère au groupe est toujours bien présente, mais avec une pointe de souffre et quelques relents de sécrétions hormonales. Un côté libidineux que ne renie pas Taylor ; « J’ai peur d’être ennuyeux quand je parle de la préservation d’une certaine esthétique, mais c’est une esthétique que j’aime. J’aime quand le rock était sexy, ce que je ne retrouve plus aujourd’hui. J’ai l’impression qu’il y a maintenant une forme de brillance, d’efficacité qui n’est pas aussi intéressante. Mais je ne dirai pas que chaque morceau de cet album tente d’être séduisant. C’est surtout le cas d’ « Hot Dreams ». »
Effectivement, ce qui prime le plus à l’écoute de cet album, ce n’est pas tant la soul et l’entêtant saxo présent sur le single, que l’ambiance caractéristique d’un certain type de cinéma. Une imagerie tirée des années 70/début 80 qui n’est pas arrivée là par hasard. Après le succès de « Creep on Creepin’on », Taylor et Trottier ont accumulés pas mal d’idées durant la tournée. Taylor, de son côté, est parti travailler sa musique pour l’industrie du film à Los Angeles.
« Quand je suis parti à LA, raconte Taylor, je me suis installé à Lauren Canyon (quartier de la ville squatté par de grandes figures du rock telles qu’Iggy Pop, Franck Zappa, Jim Morrison ou… Kesha). Là-bas, j’ai commencé à m’intéresser à la mythologie du lieu et à ce qu’est Hollywood aujourd’hui par rapport à ce que c’était à l’époque. Je suis devenu de plus en plus nostalgique et j’ai recommencé à regarder des films que j’adorais étant plus jeune, et me suis imprégné de leur musique. Ce n’était pas vraiment une démarche intentionnelle de faire ce genre d’hommage, mais ce n’était pas totalement accidentel non plus. J’ai redécouvert les films produits par Robert Evans, « Rosemary’s baby », « Vol au dessus d’un nid de coucou », « Taxi Driver » et j’ai voulu faire des chansons induisant cette atmosphère, sans forcément sonner de la même manière ».
Pour Simon Trottier, cette influence du cinéma des années 70/80 est surtout due aux instruments utilisés ; « Nous avons enregistré au National Music Center de Cagliari, sur de vieux clavecins du XVIIe siècle et des mellotrons. Je pense que c’est surtout ce son qui est très caractéristique des films de cette époque. »
Pourtant, pour un groupe réputé pour sa discrétion et l’esthétique gothique de ses paroles, « Hot Dreams » se révèle, si ce n’est plus optimiste, un peu moins maniéré. « Quand j’ai commencé à écrire des paroles de chansons, révèle Taylor, j’ai voulu induire une forme de séparation. En mettant des mots dangereux ou en donnant la sensation d’une menace, d’une imagerie noire, presque gothique, je préservais ma vulnérabilité. Aujourd’hui, je cherche consciemment à ne pas exploiter cet aspect de manière aussi grossière. Principalement parce que je me suis lassé d’entendre dire que ma musique est sinistre. »
Qu’on soit clairs, « Hot Dreams » ne vous entraînera pas à tourner vos serviettes, mais offre de beaux moments de réflexion, quelques frissons et l’envie de boire une bière dans le Grand Canyon.
« Hot Dreams » sort chez Pias demain !
En concert à la Flèche d’Or vendredi 4 avril.
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