Vous le connaissez peut-être sous son vrai nom Kenny Dixon Jr. Peut-être même pas. Moodymann est une véritable passerelle entre culture jazz / soul et house music. Avec lui, on sent Detroit, la ville industrielle grouillante et les racines noires de la musique électronique américaine. Il raconte l’histoire et le groove à travers basses et samples.
Aujourd’hui, la plupart de ceux qui se dandinent pendant des heures sur de l’electro ont, pour la plupart, toujours été plongés dedans. Si l’on y porte un peu d’intérêt, on peut avoir la bonne idée de revenir en arrière. Focalisons nous sur Moodymann, à l’ère du retour aux sources disco et house. Actualisation du vintage, processus cyclique de tout genre musical qui se respecte. Petite bombe de l’artiste, sortie en 1998, Misled balance les têtes.
On a moins parlé de cet artiste, plus assimilé à la deuxième génération de Détroit et Chicago qui commence à sortir des disques au milieu des années 90, si l’on considère que la première se produit dès la fin des années 80 et connaît les pères Derrick May, Kevin Saunderson, Carl Craig. Moodymann se démarque dans l’affirmation de ses racines afro-américaines par des samples de jazz et de voix soul, comme un clin d’oeil à Donna Summers. Mahogany Brown est un de ses classiques. Groovy time.
Les enregistrements de bruits urbains de la ville donnent à sa musique une dimension industrielle et humble. L’humilité. Ce n’est pas forcément le trait de caractère qui sied le plus à l’artiste. Il a été longtemps décrié parce qu’il arrêtait ses disques en plein set pour critiquer la foule, des fois à la limite du supportable. Son public était blanc, il affirmait sa musique comme une musique black. Changement de nom régulier, refus des interviews et déguisements en live, Moodymann est un personnage complexe, difficile à cerner mais passionnant. Sa musique n’a jamais pâti d’aucun de ses écarts. Another Black Sunday (2009) le montre plus percussif qu’à ses débuts – mais la patte est là.
Moodymann représente aussi le concept puriste de la house et de la techno : ce n’est pas une musique pour le grand public, « je ne fais pas de la musique pour que les masses dansent, je fais de la musique pour la petite majorité qui écoute ». Sa musique a d’intéressant qu’elle se fout des codes sociétaux et instaure ses codes musicaux.
Il sera accompagné de son pote Andrés et plein d’autres djs à La Machine du Moulin Rouge, samedi soir, pour une soirée qui s’annonce épique. Le titre du moment, Why do you feel à écouter sans modération.
0 commentaire