Cinq ans après son onzième album, Stephin Merritt a décidé de regarder dans le rétro et composer pour son groupe The Magnetic Fields, un nouvel album anti-internet (c’est-à-dire qui contient 50 chansons) entre musique orchestrale et crooning aguicheur. A 50 piges, il n’en a pas fini de vous montrer sa centaine d’instruments pour collectionner vos émotions.
Pour avoir une chance plus élevée d’accéder au paradis, espace toujours pas cartographié dont on ne sait jamais s’il ressemble à un jardin aux 72 vierges avec un accès men only, un désert céleste aseptisé constamment alimenté par une machine à fumée par des régisseurs plafond ou un jardin luxuriant peuplé de fruits aussi juteux que dans les pubs et les jardins de nos ancêtres, il faut bien faire des efforts de temps en temps. Accepter ses lacunes est un début de chemin vers la rédemption.
C’est dans cette (eg)optique complètement intéressée que l’idée de parler de The Magnetic Fields s’est imposée. Petit historique moins laborieux que celui de Wikipédia : The Magnetic Fields est un groupe de Boston, monté en 1989 par Stephin Merritt, un type qui joue d’une centaine d’instruments traditionnels et électroniques pour épater la galerie. Son nom vient des Champs magnétiques du surréaliste normand André Breton. Ça n’est donc pas si étonnant qu’il ait décidé d’explorer de long en large les synthétiseurs, notamment dans 69 Love Songs (1999), l’album le plus reconnu du groupe qui a été relativement influencé par Kraftwerk. Puis, pour doubler tous ses fans, il entame et finit les années 2000 avec une trilogie d’albums concepts. Son dernier disque, Love at the Bottom of the Sea, date de 2012. Certains diront (nous en fait) que Robert Wyatt pourrait avoir joué dans la construction du titre (en fait, on dit ça parce qu’il y a « Bottom » comme dans « Rock Bottom » et « Sea » comme dans « Sea Song » et un peu au vu de l’orchestration) mais ce serait complètement faux, selon la police.
Il n’empêche que The Magnetic Fields sort un nouvel album (le douzième) le 3 mars 2017 chez Warner et ça nous a filé quelques frissons. Pas du tout accoutumé à la musique de Stephin Merritt, on s’est pris au jeu assez rapidement. Si les orchestrations frôlent parfois ou tombent carrément dans les bacs de la FNAC catégorie Chansons de Noël, ça reste le haut de la hotte, niveau arrangements. Le chant est quant à lui un paquet cadeau rassurant, il rappelle la voix de baryton-basse d’un oncle sosie de Johnny Cash qui n’a pas trop pâti de sa consommation quotidiennes de Gauloises sans filtre. Merritt Christmas, donc, à vous tous qui pouvez vous fader dès à présent 5 des 50 titres du nouveau disque du groupe disponibles sur YouTube, réunies sous l’EP 5 Selections From 50 Song Memoir. Niveau textes, les amoureux du conteur seront déçus, les fans du personnage moins : dans ce recueil, les paroles se rapprochent plus de l’autobio et du docu que de la fiction. Bonne écoute.
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