The Heligoats, ou comment une morceau anodin a pu transcender une semaine anodine. Histoires de mercure, en deux temps trois mouvements.
Tout a commencé par un clic sur magiska …
The Heligoats – Mercury
« So curl me up in your coils
spin me inside of your heat
hold me until my blood boils like mercury »
Diable, ça sonne pas mal ce morceau finalement. Aie, c’est déjà la fin. Quelques jours plus tard, le morceau oublié refait surface au gré du gestionnaire de lecture aléatoire de winamp. Oui, en cliquant sur random quoi. Vous devinez la suite, cela nous est arrivé à tous. Un morceau à l’allure anodine prend sans aucune raison une place de choix dans notre petite tête bornée et parfois blasée.
Comme dirait l’autre, ce genre de morceau « ne se donne pas comme une militante de l’UMP. Il se découvre petit bout par petit bout. ». Bref, il se déguste comme un bon vin, avec toute l’attention qu’il est nécessaire de lui offrir. Et comme un bon vin, il faut lui laisser du temps en bouche pour qu’il dévoile tous ces charmes.
Alors bon, il est certain que l’approche se doit d’être différente pour chacun, Mais si ça peut aider, voici quelques petits conseils modestes, qui j’espère fonctionneront avec certains d’entre vous. Et soyez gentils, faites un effort, et je vous jure que ça marche.
1 – Mettre le son assez fort. Pas trop, mais juste ce qu’il faut, pour tout bien entendre, sans être dérangé. Au casque c’est mieux.
2 – Il faut prendre son temps, ouvrir grand ses oreilles. Sentir les rimes se faufiler entre les accords, les sensations parcourir le verbe du chanteur. Il faut se mettre à sa place, essayer de se glisser dans sa peau.
Et c’est là que le morceau se transforme. On se rend rapidement compte, que dans ce morceau à l’allure si simple, rien n’est laissé au hasard. Chaque intonation est distillée avec précision. On se rend compte du travail accompli, et cela force le respect. Ces suites de petits riens bouleversent finalement l’impression initiale que l’on a pu se faire. Chaque nouvelle lecture apporte son lot de surprises. Comme si on voulait comprendre un peu mieux, un peu à la manière du fan de nature qui s’arrête devant un paysage, des heures et des heures pour en découvrir les moindres détails.
Et finalement, on se retrouve confronté à un obstacle de taille : les mots. Ce style d’écriture, relativement vague et allégorique, est une barrière entre l’artiste et l’auditeur. On ne pourra jamais comprendre avec exactitude ce qu’il veut raconter. Et c’est peut-être là aussi le but recherché. A chacun de se faire sa propre histoire, sa propre interprétation, de par son propre mélange de notes, de textes, et tout et tout.
En fait, après lecture et relecture, on ne comprend toujours pas trop. Et c’est d’autant plus beau.
Pour en revenir à ce groupe New-Yorkais inconnu, l’album entier (Goodness Gracious – 01/2010) est de cette trempe, plein de rebondissements, plein de bonnes surprises. Il est indéniablement dans la catégorie des d’albums qui se méritent. De ces albums qui ne s’écoutent pas par dessus la jambe entre deux cacahuètes. Loin de moi l’idée de se contraindre à écouter avec un grand E. Il faut juste prendre son temps, laisser la musique pénétrer la peau, se plonger dans ces flots d’accords entremêlés. Et voir ce qui se passe. Certains d’entre nous sont poreux, d’autre imperméables. Certains aiment, certains ne voit pas pourquoi certains aiment. Tant mieux, tant pis, toujours est-il que ça ne peut rester oublié.
The Heligoats – A Guide To The Outdoors
P.S : l’album peut-être acheté via leur site officiel : https://theheligoats.com/
Juste envie de féliciter une loutre qui donne son ressenti comme j’aime !