Si les Dodos sont basés à San Francisco, leur quatrième album ressemble plus aux verdoyantes collines irlandaises qu’aux tentaculaires cités californiennes écrasées par la chaleur : apaisantes et vallonnées, les mélodies qu’on trouve sur « Carrier » sont gonflées d’un air léger, comme celles de leurs compatriotes Young The Giant ou des suédois Junip.
Quand on a entendu le premier extrait de ce nouvel album à écouter ici, Confidence, l’effet a été immédiat : pris dans leurs filets, on s’est laissé remonter jusqu’au bateau, avec un mélange d’appréhension et d’excitation dans le cœur. Et puis soudain, tout s’accélère, c’est la libération, le retour à l’eau. Parce que si leur rock (teinté de folk malgré l’absence cruelle de barbe) s’amuse à prendre des faux airs pop par moment, c’est pour mieux exploser ensuite.
On le voit aussi sur Transformer, ballade cheveux aux vent dans un wagon à ciel ouvert, ou sur Substance (en bas de cet article), dont le “You will forget and I will remember” résonne comme un cri simplement désabusé, sans désespoir ni agressivité.
Meric Long (chanteur) et Logan Kroeber (batteur) avaient été rejoints en 2011 par le guitariste Chris Reimer, qui jouait aussi dans le groupe Women. Profondément affecté par le décès soudain de ce dernier l’année dernière, Meric Long a souhaité sur cet album « s’entourer de silence », en écrivant le texte avant la mélodie. Une manière de recommencer à zéro, pour obtenir un résultat le plus honnête possible. Cette sincérité et cette maturité, on les sent tout au long de l’album, portées haut comme une bannière qui claque au vent : dans la sobriété des titres réduits à un seul mot, dans le chant soupiré, les guitares douces et joueuses, la batterie qui mène tranquillement la troupe.
On accorde alors une attention toute particulière à la belle Death et ses cordes tirées, en forme de discret hommage à leur ami disparu, qui s’interrompt brutalement, comme une phrase qu’on n’a pas le temps de finir.
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