Spotify a enfin/malheureusement (rayez la mention inutile) reculé face aux maisons de disque. Depuis sa création, l’entreprise de streaming suédoise avait toujours prôné un même catalogue pour tous les pays, que vous soyez un abonné payant ou gratuit. C’est avec ces fonctionnalités uniques à la plateforme (Deezer, Tidal ou l’Apple Music proposant des contenus différenciés) que Spotify a pu devenir le plus gros service de streaming audio avec plus de 50 millions d’utilisateurs dans le monde.
Cependant, cela va changer. La firme suédoise a annoncé avoir signé un accord avec la major Universal Music Group. Spotify pourra ainsi obtenir certains albums en exclusivité du label vendant le plus d’albums dans le monde. En contrepartie, « les artistes d’Universal pourront choisir de proposer leurs nouveaux albums en exclusivité pour les utilisateurs Premium pour une période de deux semaines, offrant aux abonnés la chance de profiter de leur travail créatif plus tôt, alors que les singles pourront être appréciés par l’ensemble des utilisateurs de Spotify » a déclaré Daniel Ek (photo), PDG de Spotify.
Derrière la langue de bois du PDG se cachent deux enjeux pour la firme suédoise. La première est que cet accord serait un apport de poids dans l’introduction en bourse de Spotify qui pourrait bientôt se conclure. Le second est que cet accord permettrait au service de streaming d’aller concurrencer les autres plateformes. Tidal et l’Apple Music dépensent plusieurs millions chaque année afin d’obtenir des exclusivités temporaires. Ce fut notamment le cas pour Lemonade de Beyoncé, Anti de Rihanna ou Life of Pablo de Kanye West, qui avait ainsi pu faire gonfler les chiffres de Tidal.
Mais ce second enjeu n’est pas sans risque pour l’industrie musicale. Si depuis 10 ans, Spotify se félicite d’avoir su faire reculer le piratage de la musique, on observe que ces exclusivités se retrouvent sur tous les sites de peer-to-peer et engendre un regain pour cette pratique que l’on croyait oubliée. Ainsi, sur les fichiers musicaux les plus téléchargés illégalement des trois dernières années, on retrouve Lemonade, Life of Pablo et Anti, trois albums dont Tidal s’est vanté de l’exclusivité. To Pimp a Butterfly, le dernier album de Kendrick Lamar sorti à la même époque sur toutes les plateformes et sans exclusivité, fut beaucoup moins piraté. Aux services de streaming d’en tirer les conclusions qu’ils souhaitent.
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