Son Lux ne cesse de faire vibrer l’Europe ces temps-ci. Alors qu’il a entamé sa première tournée internationale, le trentenaire new-yorkais nous a fait une belle surprise ce mois-ci en proposant une version alternative de « Lanterns » son dernier opus. Sorti en octobre, ce troisième album célébré par la critique se voit remanié avec la présence de collaborateurs de marque tels Sufjan Stevens, Peter Silberman (The Antlers), Richard Perry (Arcade Fire) et Lorde la popstar néo-zélandaise. Cet EP de 4 titres baptisé en toute logique « Alternate World » offre l’opportunité à Son Lux de montrer une fois de plus ses qualités d’orfèvre musical accompli.
Après avoir passé deux ans en studio pour « Lanterns », notre multi-instrumentiste et songwritter électronique s’est bien rendu compte qu’il lui serait difficile restituer la même musique en live. A cause de ses compositions ciselées comme de la dentelle, Ryan Lott a dû réinventer ses morceaux pour la scène. Leurs trouver une nouvelle ampleur, un caractère nouveau et plus proche des contraintes de la réalité. En fait, c’est un peu comme si un costumier voyait tous les acteurs changer de forme et s’adaptait à chacune de ses œuvres. Cette occasion lui a peut-être été offerte pour qu’il projette sa musique dans un autre monde ?
Cet EP reprend les textures de ses précédents morceaux en les habillant d’un vêtement plus électrique, plus lyrique. Son Lux nous révèle la face cachée de « Lanterns », son Bright Side of the Moon en quelque sorte. La voix reste la même, presque sans âge à la fois éraillée et angélique. Les instruments des cordes au piccolo se voient retouchées de part en part cédant une place non moins jouissive à plus d’électronique, de glitch, basses et phaser en tout genres… Ces quelques titres sont aussi limpides et décontenançant qu’un fleuve qui remonte son cours. S’y trouve même une sirène à la voix ensorceleuse sous la figure de Lorde. Cette chanteuse n°1 des ventes dans 15 pays l’année dernière avec son tube Royals (mars 2013) sublime la chanson Easy (switch screens) et délivre un tableau à la manière de Georges de la Tour, un clair-obscur hypnotique aux multiples facettes. De la même façon « Alternate World » se voit reforgé de façon à la fois superficielle et profonde, plus cadencée et plus bancale. Ce premier titre illustre à merveille l’exode et l’onirisme que suggérait la première version bien moins new-age.
Univers alternatif :
Univers réel :
Cet univers troublant fait de sons analogues se présente comme un hybride. Une chimère alien tout droit sortie d’un monde parallèle qui n’est pas sans évoquer le notre. L’imaginaire hallucinant de Son Lux réinvente de bout en bout des morceaux fraîchement produits et montre qu’à l’ère du remix rien n’est définitif dans l’horizon sonore actuel.
Ryan Lott est intarrissable vous l’aurez compris. La preuve en est : il vient de produire l’album éponyme Sisyphus sortie le 17 mars (avec Seregenti à la voix et Sufjan Stevens à la composition). Son Lux a beaucoup appris du songwritter Sufjan Stevens révèle-t-il dans une interview accordée à Next – Libération en janvier dernier :
«J’apprends beaucoup de choses de Sufjan, continue Ryan Lott. Lui, c’est un songwriter ! Il commence par une mélodie et il l’habille avec des harmonies. Moi, je fais l’inverse : je commence par l’habillage sonore et rythmique, puis la chanson sort peu à peu des sons qui s’ajustent.»
C’est donc en changeant de décors qu’il change les personnages de manière à refaire l’histoire.
Cet EP uniquement disponible en écoute libre sur le net sera disponible en vinyle le 27 mai prochain. Un magnifique objet translucide commercialisé sous la patte graphique singulière de Joyful Records (ici).
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