Les critiques, les artistes en vogues, les réseaux sociaux et leur myriade de followers se sont emballés ces derniers mois pour le premier album de Christopher Taylor aka Sohn sortie en avril. L’EP qui l’a précédé suscitait déjà l’effervescence et non sans raisons. On est en retard, tant pis.
Sohn qui revendique ce pseudonyme comme sa réelle identité, va bientôt fêter ses deux ans. Ce nourrisson a pourtant fait un saut de géant en sortant de son utérus musical. Enfant de Londres préférant la sérénité de Viennes, ce jeune anglais nous livre un album hypnotique. A la croisée du glitch et d’une ambient bien sombre que couronne sa voix R’n’B, l’electronica présenté dans son opus joue sur l’encéphale plus que sur les ressources corporelles du genre. Les nappes se superposent au sein de claviers modernes et de percussions vintages (et vice-versa), révélant un univers tantôt décharné et glaçant comme du blizzard, tantôt doucereux et poétique. Un contraste guidé par les assonances, l’emphase et la contemplation sous un pitch pointilleux et un agencement de samples finement ciselé. Il est rare de croiser des artistes alternant des titres que l’on peut chanter à tue tête non point sans gravité (Artifice) avec des sections d’heureuse introversion (Lessons). Sohn cultive le recueillement loin du brouhaha urbain avec un ton dolent et un talent manifeste.
Après écoute de l’intégrité de « Tremors », l’auditeur en vient à lui pardonner ses écarts de voix qui n’hésite pas à emprunter les soubresauts maladifs du R’n’B. Ce multi-instrumentiste n’y est pas non plus étranger puisqu’il est aussi producteur et remixeur ponctuel de nouvelles égéries comme Lana Del Ray et Banks. Un nouveau nom qui va faire tourbillonner vos neurones et qui risque de réapparaître. A condition que Sohn ne devienne pas un ermite aux concerts privés à l’aune de sa genèse harmonique. Ce que label 4AD ne permettra sûrement pas avec bienveillance envers son nouveau chérubin.
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