Jumo est le projet musical de Clément Leveau. Un chantier pluriel qui a compris qu’en matière de musique beat et de rêve, mieux vaut bien réfléchir à son imagerie. Marché conclu, le beatmaker s’est récemment associé à l’artiste Nina Guy et au collectif Cela dans la production d’un bel objet sonore nommé « Dérive » qu’on vous décortique pour vous mâcher le boulot.
Notre première rencontre avec Jumo s’est faite en 2015 aux Inouïs du Printemps de Bourges. Devant une petite foule, l’artiste se produisait avec déjà son idée de mêler des éléments visuels à sa musique. Un an plus tard, le propos restait le même à la release party de Nomade, son second EP, signé cette fois-ci chez Nowadays Records au Pop-Up du Label. Cependant, en un an, force est de constater que les progrès aussi bien musicaux que scénographiques du collectif étaient devenus impressionnants, composant ainsi une envolée onirique parfaitement maîtrisée et harmonisée. Si bien que les visuels et la musique prenaient vie entre les mains de l’artiste devant une foule captivée.
Alors pour son nouvel EP, Dérive, Jumo met une nouvelle fois la barre plus haut. Un dispositif scénique à 360° qui sera proposé lors de la Sound Design Party #2 à la Gaîté Lyrique, le samedi 13 mai prochain et on a déjà hâte de voir jusqu’où l’artiste pourra nous amener cette fois-ci. Si bien que cette nouvelle sortie, en fait l’occasion parfaite pour vous évoquer le parcours d’un artiste qu’on suit depuis plusieurs années.
L’artiste voguant entre Les Sables-d’Olonne et Paris a commencé par des études de graphiste et d’illustrateur avant d’envisager une carrière musicale. Musicalement, Jumo est difficilement classable, un EP comme Nomade montrait des grands écarts de style dans des titres comme « The Wind » et « Nomade ». L’EP proposait ainsi un seul but : celui de faire voyager, comme en atteste le dernier titre de l’EP, l’onirique Pli, une ballade de huit minutes, à la structure naviguant entre percussions et nappes métalliques.
Jumo – Pli
Mais la musique de Jumo ne s’écoute pas seulement, elle se regarde tout autant. Chaque titre est accompagné d’une illustration signée Nina Guy et d’animations réalisées par le collectif CELA, qui donne une véritable vie à chacun des titres, que ça soit de façon enregistrée et encore plus magistralement en live. Alors après un an, tout ce beau monde nous étonne une nouvelle fois avec Dérive, un EP dans la continuité du dernier, mais qui apporte cependant quelques nouveautés qui font toute la différence.
Dans cet EP bien fourni (une demi-heure environ à travers sept titres), on retrouve sans trop se perdre la patte des précédentes productions. Une absence se fait pourtant sentir : celle de la voix. Dérive contient deux titres en featuring, mais là où de nombreux titres de Nomade jouaient sur la voix comme l’une des bases du morceau, cette dernière se fait plus rare sur cet EP. Seul le titre « 1991 » semble garder cette formule à laquelle on nous avait habitué. Ce constat est loin d’être négatif car, par ce biais, Jumo se permet de jouer sur des morceaux plus déstructurés où les loops s’enchaînent sans forcément se ressembler.
Le pluralisme de l’artiste se montre aussi parfaitement à travers les deux collaborations de l’album. D’un côté, l’ambient music de « Je le savais » avec VedeTT dont la voix perchée est amplifiée par les claviers et les percussions. De l’autre, le titre « Bloom » avec l’artiste anglais Holy Osters jouant plutôt dans un domaine de dance music.
Jumo Ft. Holy Oysters – Bloom
C’est dans les entrailles de l’EP qu’on pourra trouver une autre constante. Au milieu de la tracklist se trouvent trois titres, « Huit Jours », « Bleu » et « Dérive » qui ont la particularité d’avoir une base piano. Une véritable inspiration pour l’artiste dans la construction et la création de l’EP qui a vu le jour en partie grâce à la rencontre avec le pianiste – plus habitué aux musiques classiques qu’à l’électronique – Andrew Audigier.
Si la musique se veut plus déstructurée par rapport au passé, le piano accentue les effets très terre-à-terre de Dérive. En nous prenant aux tripes, les titres contemplatifs forment une succession d’émotions très diverses qui aident au voyage et au rêve.
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