Sam Gellaitry est à peine majeur, vous vous attendiez vraiment à ce qu’il fasse de la musique celtique comme ses ancêtres ? Oui, tous les vieux jouaient de la cornemuse, sans exception. Sam est un jeune producteur électro, de ceux qui se rangent dans la catégorie future beats ou bass music. Pourquoi ces termes ? Parce que les basses sont tellement fortes qu’elles arrivent à mettre un bordel pas possible dans le système digestif et que l’ensemble est tellement destructuré qu’on y voit le futur. Portrait d’un ado pas comme les autres.
Sam Gellaitry, ou Samy Gee pour les intimes, est né en 1997, cette seule info devrait vous suffire pour comprendre l’ampleur du phénomène. Il vient d’Ecosse, de Stirling exactement. À première vue ce n’est pas l’endroit le plus cool pour se lancer dans la musique électronique, il n’empêche que cet isolement lui a permis de développer son propre style sans être noyé dans la masse. En effet, depuis Hudson Mohawke ou Rustie, on n’a plus vu fleurir beaucoup de concurrence dans ces collines écossaises. La force de Sam a alors été de savoir exploiter cette forme de solitude pour la transformer en indépendance et en originalité.
Alors qu’à 14 ans beaucoup de jeunes passent leur temps à essayer de terminer tous les Call Of Duty, lui passait déjà son temps à composer des morceaux tous plus étranges et fous les uns que les autres. De son propre aveu, les cours n’étaient alors déjà plus sa priorité. Il a très vite compris que ce n’était ni l’école ni les bonnes notes qui garantiraient son épanouissement, au contraire ce système ne faisait qu’étouffer la créativité qu’il avait besoin d’exprimer. C’est donc à 16 ans qu’il décide d’arrêter sa scolarité pour se consacrer pleinement à la musique et enfin déployer ses ailes pour s’envoler beaucoup plus loin que la campagne écossaise. Mais bon, on notera quand même que cette indépendance a ses limites : son petit papa l’accompagne partout où il va et il est même devenu, au fil du temps, son manager. Il fallait bien qu’on trouve quelque chose à redire.
Les trois ans qui suivent marquent véritablement le début de l’engouement autour de cette musique venue d’ailleurs. Se servant de Soundcloud comme d’un outil d’expérimentation totalement libre où il peut partager tout ce qui lui passe par la tête, il se retrouve avec entre les mains un stock (quasi) infini de morceaux, aboutis ou non, mais tous complexes. Il est clair que si vous voulez écouter une musique reposante et « chill », comme disent les jeunes, vous allez devoir passer votre chemin. Pour suivre Samy il faut s’accrocher, mais l’expérience musicale que vous allez vivre sera si intense qu’on nous remerciera plus tard.
A 19 ans il est déjà passé par l’écurie Soulection et est maintenant signé chez XL Recordings (avec les amis Jamie XX, Kaytranada et Jungle) chez qui il vient de sortir son nouvel EP Escapsim II qui nous a laissé sans voix. C’est en découvrant ces 5 titres qu’on a véritablement pris conscience qu’il fallait absolument vous parler de ce monsieur. Faisant suite à deux premiers EP tout aussi fougueux, ce dernier opus sorti cet été fait prendre une nouvelle dimension à sa musique. Ici il parvient à créer un son hybride où la puissance se mêle à la finesse, où la badassitude répond à l’émotion pure. Le jeune homme vous emmène là où vous n’avez plus pieds.
Crédits photo : Mihaela Bodlovic à The Biscuit Factory
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