En culture, les découvertes nous jouent souvent le coup – réjouissant – des poupées russes. Je m’y suis laissé prendre, il y a quelques jours, en allant voir Drive au cinéma. Pas vraiment convaincu par la bande-annonce en mode « fast and furious », je cède aux sollicitations de quelques amis insistants. Ne connaissant ni l’acteur principal ni le réalisateur, je découvre alors un univers sans concession, à la beauté froide et hypnotique.
Drive est porté par trois éléments essentiels et complémentaires : un Ryan Gosling au charisme déconcertant, un rythme laissant une place inattendue aux silences et aux temps morts et une musique aussi captivante que lancinante. Bien sûr, il y avait Kavinsky dans la bande-annonce pour nous mettre la puce à l’oreille. La pépite Nigthcall en featuring avec la chanteuse de CSS (Lovefoxxx) occupe une place de choix dans le film. Mais l’ambiance rétro-futuriste, le côté un peu kitch mais ultra efficace ne se résume pas à ce titre, si marquant soit-il. Nicolas Winding Refn, le réalisateur danois, a confié la composition de la BO à Cliff Martinez, spécialiste du genre et compositeur attitré de Steven Soderbergh ! L’autre belle surprise (et réussite) de cette BO, c’est le titre A Real Hero de College et Electric Youth, tous deux issus du collectif nantais Valérie (Anoraak, The Outrunners, Minitel Rose…)
L’effet poupées russes ne s’arrête pas à ces jolies découvertes rétro. En se documentant sur l’acteur canadien qui porte à bout de bras ce film, on découvre que Ryan Gosling est également leader et chanteur d’un groupe : Dead Man’s Bones, avec un premier album paru en 2009 (et classé parmi les 15 meilleurs de l’année par les Inrocks !). Une musique possédée, hantée mais enjouée, entre Arcade Fire, Edward Sharpes et Get Well Soon, avec des chants et des cris d’enfants dans presque tous les titres. Un reste de son passage comme animateur au Mickey Mouse Club américain il y a quelques années ? Mais ici les enfants n’ont rien de formaté et se foutent royalement de la Belle au bois dormant, préférant jouer à se faire peur dans des cimetières, déguisés en zombies.
Un mec aussi talentueux, inspiré et beau gosse a de quoi susciter les jalousies. Cerise sur le bonbon du gâteau à la crème, le mec reste modeste ! Pff. Mais le plaisir de découvrir son univers musical et cinématographique nous console largement et on se laisse volontiers conduire par Mr Gosling. En toute sérénité.
Et en + le beau gosse talentueux et inspiré sort avec le fantasme du moment: Eva Mendes! et déteste sa petite camarade de jeu de jeunesse (du Mickey Club): Britney Spears…euh…c’est vrai que leurs univers sont aux antipodes!
Pour le reste, si la musique du film m’a emportée, question sans doute de génération…la musique « orgue bontempi » (College) c’est un peu ma jeunesse…le film m’a laissée sur ma faim…esthétisme léché certes…mais (à mon humble avis) au détriment d’une incarnation plus organique des personnages. Dommage. Mais bel OVNI quand-même.
Adeline.