Soyons honnêtes, au tout début quand ils ont débarqué sur la scène de l’Olympia, les Royal Blood ressemblaient étrangement à deux petits Playmobil (la barbe en plus). Mais deux accords plus tard, on avait déjà oublié cette première impression : basse et batterie au poing, Mike Kerr et Ben Thatcher ont commencé leur bras de fer avec le vide environnant…
C’est avec « Hole » et ses vagues déchaînées de basse saturée (qui a dit guitare ?) que le ton a été donné, et de toute la soirée rien ne fera sortir les deux Anglais de leurs rails de fer. Sous l’œil bienveillant du Roi (Reine ?) du rock de la pochette de leur album reproduite grandeur tenture, ils déroulent leur set de façon implacable, comme certains du couronnement final. De loin, la scène ressemble à un symbole du yin et du yang géant : à gauche, Mike Kerr plutôt en retenue, qui s’applique consciencieusement à balancer riffs et mots exactement quand il faut, comme il faut – s’autorisant quand même une ou deux levées de basse au-dessus de la tête façon Guitar Hero, et quelques petites expéditions vers la droite de la scène pour se percher aux côtés de son complice et manier la baguette ; à droite Ben Thatcher donc, tous muscles dehors, frappant sa batterie sans aucun ménagement – une énergie rageuse et transpirante digne d’un ring de boxe, particulièrement appréciable quand on a fini par s’habituer à des artistes mixant sur des platines.
Leur complémentarité est parfaite et les (bonnes) ondes bondissent de la scène en un flot continu. Elles entraînent dans un même élan les pogoteurs des premiers rangs et les hocheurs de tête du fond ; l’Olympia complète fourmille d’une énergie brute et joyeuse. Alors si on sort de la salle un peu assommés, ce n’est pas exactement par le son, sain pour les oreilles et les tripes, mais par la sensation d’avoir assisté une leçon magistrale de rock, démonstration quasi-mathématique de la formule « back to basics » basée sur un son nerveux et mélodique, puissant et structuré, à la croisée de Rage Against The Machine, Band of Skulls et Led Zeppelin – un son dont la seule prétention semble de faire vibrer murs, sols et public en même temps.
Il y a comme un soupçon de revanche dans l’air et on se voit projetés un petit paquet d’années en arrière quand on était lycéens : devant une classe entière béate, les deux élèves turbulents du fond ne connaissent pas seulement leur leçon sur le bout des doigts, ils vont même plus loin dans le raisonnement. Et donnent l’impression qu’ils devraient définitivement remplacer le prof. un B-Side (mention spéciale à « One Trick Pony » où la voix de Mike fait de jolis écarts dans les aigus aux côtés de sa basse) puis trois extraits de l’album éponyme paru en août, et ce par trois fois… avant de finir sur leur hymne « Out Of The Black ».
En musique comme en littérature, les exercices de style sont souvent risqués, mais si sur le papier la formule minimaliste du duo de Brighton a de quoi laisser sceptique, en live elle se révèle d’une efficacité évidente.
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Royal Blood @ Olympia (Paris) by Slidely Photo Gallery
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