On a vu Joseph Arthur sur scène en 2003, 2009 et 2011. Avec à chaque fois la même impression du concert qu’on ne louperait pas sans vraie et bonne raison. On était encore au rendez-vous lors de son passage au Point Éphémère, pour retrouver un songwriter à part, longtemps encensé en France avant de disparaître peu à peu des radars. Sans vraie et bonne raison non plus.
Chanteur. Guitariste. Artiste. Designer. La palette de Joseph Arthur est large, ainsi que son attirail. Du coup, en attendant son entrée sur scène, on était plutôt curieux de savoir comment il allait s’en sortir avec les deux guitares, le petit clavier, la panoplie de pédales et la toile qui l’attendaient, eux aussi.
On avait déjà vu Joseph Arthur durant sa tournée en 2011, et on avait dans nos mémoires l’image d’un homme un peu taciturne, pas bien bavard. Un loup de mer qui avait foulé le sol de bien des scènes avant celle du Point Éphémère et qui connaissait son matos comme sa poche. Car étant généralement tout seul sur scène, il est d’abord (re)connu pour ses performances techniques à base de différents instruments et percussions arrangés habilement grâce à des loops.
Nous voilà cinq ans plus tard. Au début, pas de dépaysements. Le chanteur entre sur scène en nous disant bonsoir et enchaîne avec son premier titre, les lunettes de soleil qu’on lui connait vissées sur l’arête de son nez. Il superpose ensuite soigneusement percussions et guitare avant d’entonner un puissant « I miss the zoo » tout en dessinant sur son canevas après avoir vidé dessus des tubes de gouache. Jusqu’ici, tout va bien. Joseph Arthur, c’est parfois un peu comme voir un gosse jouer avec les effets d’un synthé sans l’enthousiasme, mais plutôt le calme posé et la confidence du type qui connaît son métier. Sauf qu’on ne vibre pas encore.
Et puis, rapidement, l’ambiance change complètement. Les lunettes de soleil, le veston militaire et le chapeau tombent, quelques problèmes techniques se sont fait entendre, les loops d’habitude si bien maîtrisés décident de s’interrompre soudainement. Un musicien a alors deux choix : s’entêter à finir coûte que coûte sa setlist ou sortir des sentiers battus.
La réponse de Joseph Arthur ? « Fuck it, let’s play ». Place à la guitare acoustique, qu’il saisit en nous regardant dans les yeux et en souriant. Dans une ambiance de répétition pré-concert, il accepte alors les requêtes de l’auditoire ce qui nous permet d’entendre des vieux bijoux comme « Black Lexus » et « You Are Free ». Comme ça, entre deux blagues. On passe alors du « oh » au « wow ».
Certains publics attendent un spectacle carré, millimétré, mais pas le public qu’on voit ce soir-là. Ou alors il est contaminé par l’enthousiasme et la générosité finalement assez rares de ce Joseph Arthur. Il chantonne avec lui « September Baby » pour le deuxième rappel, effectué près du stand merchandising. Le concert s’achève sur une reprise acoustique de « Take a Walk on the Wild Side ». Comme souvent, la performance est enregistrée et peut être emportée sous forme digitale. Mais quelque part, nous sortons de la salle convaincus d’une chose : nous sommes devenus, le temps d’un concert, le canevas de Joseph Arthur, témoins d’une performance spéciale et unique.
Photos : Laure Bourru
Bon et correct commentaire . le charisme de Joseph Arthur est grandissant…je crois qu’il nous reserve encore de belles surprises. Impatiente de lire d’autres articles..
C’est toute la magie de Joseph Arthur, pas de spectacle « carré ». Il s’imprègne de l’ambiance et de l’atmosphère de la salle, melangées à son état d’esprit du moment. Cela créer une symbiose entre lui et le public qui se traduit par des improvisations musicales sur certaines chansons, ou des versions très différentes des originales. Chaque soir un nouveau concert…