Entre des copies attendues et d’autres fortement conseillées, voici le verdict purement subjectif de deux oreilles aimant la chanson française. Alex Nevsky, Bertrand Belin, David Lafore, NORD et Aline passent au gril.
NORD – Temps Morts (EP)
Le moral en berne ? Le premier EP de NORD risque de vous refroidir définitivement. Encore que, l’espoir apparaît sur « Elle voudrait »… Les quatre titres de ce Rouennais (qui ne semble pas au top sentimentalement parlant) ont une âme. Se raconter en français sans tomber dans le misérabilisme n’est pas chose aisée, NORD a donc réussi son pari. Entre chanson française et petites poussées electro, la symbiose opère. « Temps Morts » regorge du génie d’un Pierre Lapointe, puisant dans un chant venant des tripes. Vivement la sortie d’un premier album. N’hésitez pas à écouter « Drunk » sur lequel on avait déjà accroché par le passé.
Sorti depuis le 11 septembre.
NORD – « Temps Morts »
Aline – La Vie électrique
Les ex-Young Michelin (la marque clermontoise les contraignant à changer de nom) reviennent avec un second album sous l’appellation Aline, un groupe qui aime l’alternance de riffs de guitare eighties avec des paroles lascives. Le synthé est évidemment l’instrument majeur de cet album qu’on a du mal à croire actuel. Ces ballades pop laissant la place au verbe sont pourtant d’une efficacité qui fait honneur à 2015. La Vie électrique permet d’entrevoir une femme en jean délavé, chemisier blanc, main dans les cheveux quand l’autre tient un Force 4. Sans surprise, Aline avait chanté en 2013 avec Barbara Carlotti une reprise de « Duel au soleil » d’Etienne Daho.
Sorti depuis le 28 août.
Aline – « La Vie Electrique »
A. Nevsky – Himalaya mon Amour
Au programme d’Alex Nevsky : enthousiasme québecois (ce n’est pas le registre français mais francophone, vous nous excuserez) et amour déchu. Allergiques à la pop acidulée et aux arpèges sirupeux, passez votre chemin. Le garçon peut parfois trop forcer (« On leur a fait croire ») comme le fait malheureusement Cali. On le préfère à la guitare acoustique en train de chanter l’amour. Autrement dit, la moitié de cet album. « Les Coloriés » s’imprègne d’une insouciance adolescente assumée. Titre pêchu à écouter en boucle. Pas mal du tout, à la différence du mielleux « J’aurais des mains » qu’on boycotte. Avis partagé mais Alex Nevsky a le mérite de ne pas tricher.
Sortie le 25 septembre.
Alex Nevsky – « Les Coloriés »
Bertrand Belin – Cap Weller
Si la comparaison diffère en termes vocal ou musical, évoquer Georges Moustaki s’explique par cette classe intrinsèque qui n’a d’égal qu’une voix exceptionnellement différente, propre à Bertrand Belin (notre photo). La façon de décrypter les mots peut agacer certains. Les autres seront sous le charme de mélodies léchées aux textes alambiqués. Un album qu’on écoute d’une traite, idéalement chez soi. Une régularité qui fait du bien et nous rappelle que la chanson française dispose d’un grand monsieur, qui mériterait une autre exposition médiatique.
Sortie le 9 octobre.
Bertrand Belin – « Je parle en fou »
David Lafore – J’ai l’amour
Il y a du Philippe Katerine chez ce chanteur burlesque. Des paroles volontairement répétitives, des associations d’idées insensées, le tout sous couvert de bonne humeur niaiseuse… Il y a vraiment du Philippe Katerine chez David Lafore, qui alterne son chant avec un parler bizarre. « Tordus et tordants », pour reprendre le communiqué de presse, sont deux qualificatifs qui collent au personnage. Soyons tout de même honnête, si on accroche à l’univers barré de l’énergumène, s’enchaîner les douze titres d’un trait relève de la pure folie.
Sorti depuis le 4 septembre.
David Lafore – « Choses »
© Ph. Lebruman 2015
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