Chaque semaine, des dizaines d’EP passent dans nos oreilles. Certains nous captent dès la première écoute au point de se demander « Mais qui est-ce qui a produit cela ? » Alors, on commence à taper différentes requêtes sur les moteurs de recherche pour en savoir plus. Dans le cas présent, très peu d’informations ont filtré, on aurait pu se décourager là, mais les touches envoûtantes de Floyd Shakim nous avaient déjà agrippés à la manière des sirènes dans les récits d’Homère. On est donc allé prendre un café directement avec lui pour qu’il nous parle plus longuement de cet EP Mermaids. Portrait.
Mermaids part d’une rencontre, entre un beatmaker parisien que l’on connaît sous le nom de Monk’ (l’un des deux DJ derrière le projet BRNFKD) et un synthétiseur d’occasion. L’alchimie est immédiate, si bien qu’il nous confiera avoir produit les bases de deux des titres de l’EP dans la journée suivante. Si on évoque les termes d’alchimie et de rencontre, c’est bien parce que Mermaids fonctionne à travers d’un côté une base instrumentale faite au synthétiseur et de l’autre la voix du beatmaker qu’il pose sur cinq des sept titres de cet EP défini comme « le genre de musique que je ne m’autorisais peut-être pas à sortir, mais que j’avais vraiment envie de sortir. »
« Ce synthétiseur, ce fut de nouvelles sonorités, j’ai eu un déclic, le même univers, le même son. La base de l’EP s’est fait assez vite. Ce changement est tout con, car uniquement à partir d’un nouvel équipement, d’un nouvel instrument. »
Cette volonté intimiste, on la retrouve d’un bout à l’autre de l’EP, car les habitués de son ancienne identité pourraient être étonnés du voyage de la pop à l’électro que propose Floyd Shakim. C’est en cela qu’il explique le choix de poser sa propre voix sur les tracks, face à la difficulté de trouver des chanteurs ou chanteuses collant à son univers. La décision fut prise qu’il en était lui-même capable, même si il considère « ne pas l’avoir assez travaillé », preuve de son caractère perfectionniste.
Quand vient le moment d’aborder « Beautiful », l’un des titres phares, le jeune producteur nous répond par de nombreuses questions sur notre ressenti face à ce morceau, montrant ainsi une once d’hésitation avant de nous confier : « j’ai l’impression qu’il permet une respiration, c’est pour ça que je l’ai gardé ». Le titre est une révélation, l’un des plus enivrants de l’EP permettant ainsi une parfaite transition entre les morceaux plus pop au côté plus méditatif que propose Mermaids, montrant ainsi la large palette des possibles de Floyd Shakim.
Cette volonté très esthétique de la production musicale de Mermaids se retrouve aussi sur l’aspect visuel de son travail, à travers la pochette, réalisée par Mathieu Renouât ou via le premier clip réalisé par HochR. L’artiste, qui se veut assez discret sur son image, préfère mettre le côté artistique en premier plan. La pochette est donc représentée par cette main qui se tend vers vous, référence une nouvelle fois au côté mythologique des sirènes. Cette main baignant autour d’une couleur orange et mauve, ce choix de couleur ayant accompagné l’artiste durant cette année de production, où il a composé la majorité des titres dans sa chambre avec une lumière similaire.
Derrière ce clip se cache aussi la volonté d’être un OVNI artistique. En mettant la musique au premier plan, chaque scène est là pour suivre les envolées méditatives du titre, face à ces corps anonymes aux mouvements répétitifs. Le beatmaker le résumant comme « une idée folle et assez mystérieuse. Mais au fond, c’est vraiment ce qui me plait le plus quand tu ne sais pas trop où tu vas et que tu te laisses emporter par le truc. »
Le voyage se termine sur une outro se nommant « The Perks of Being », les sirènes nous déposent délicatement sur le rivage à la manière d’un James Blake. De nombreuses questions nous viennent en tête après cette demi-heure d’écoute, mais la plus grande est : quand est-ce que l’on pourra le voir en live ?
L’EP est en écoute ici : Mermaids.
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