Rencontre avec Real Estate, le groupe de beach-pop qui donne envie d’hiberner jusqu’à l’été.
Real Estate, le groupe de beach-pop qui donne envie d’hiberner jusqu’à l’été avait installé ses pédales de reverb au Nouveau Casino jeudi dernier à l’occasion du Fireworks Festival. Rencontre avec Martin Courtney, chanteur à la dégaine de vendeur de maison.
C’est la deuxième fois que vous venez à Paris en peu de temps. Vous étiez déjà au Pitchfork Festival il y a quelques mois. Comment ça s’est passé pour vous ?
C’était cool, un gros évènement. On n’avait jamais joué dans une salle aussi grande (la Halle de la Villette), il devait y avoir un public de 5000 ou 6000 personnes. Tout a été très rapide, on est arrivés, on a fait les balances, on a joué, on est repartis. Ce dont je me souviens, c’est que nous avons traîné un peu avec les gars de Fucked Up (groupe hardcore de Toronto) qui étaient très sympas, et qui sont maintenant des potes. J’ai vu aussi un peu du concert d’Aphex Twin…
En France, il n’y a pas encore un large public pour la musique un peu low-fi comme la vôtre, est-ce que vous le ressentez dans la façon dont les gens reçoivent vos concerts ?
Lors des deux tournées européennes que nous avons faites avec notre premier album qui était encore plus low-fi que le dernier, « Days », l’accueil du public français a été excellent, la foule a réagi à notre musique plus que dans d’autres pays comme l’Allemagne, par exemple, où les gens n’en avait rien à faire. Ce soir, c’est le premier vrai concert parisien pour lequel nous assurons la tête d’affiche. Nous avons fait des gros festivals, des premières parties, un genre de soirée gratuite avec d’autres groupes à la Flèche d’Or où la salle était remplie, mais ce n’était pas notre concert. Donc celui de ce soir est spécial.
Parfois, l’environnement influe beaucoup sur la créativité, est-ce que le fait d’être basé dans le New jersey, dans l’ombre de tous ces groupes branchés de New York et surtout Brooklyn a eu un effet sur vous ?
Je ne pense pas. Pour tout te dire, on vient juste de s’installer à Brooklyn…(rires)
Vous êtes donc des leurs maintenant…
Oui, mais ce qui est sûr, c’est que nous avons grandi dans le New Jersey, et qu’on est tous des anciens amis de lycée ou même d’avant. On jouait ensemble longtemps avant que Real Estate n’existe. On a partagé toute notre éducation musicale et avons doucement appris à être un groupe de musique et écrire des chansons. Personnellement, je ne crois pas que l’endroit où je vis puisse avoir une influence sur mon écriture.
Il n’y a donc rien du New Jersey dans ta musique ou tes paroles ?
Dans les paroles si, bien sûr, car j’écris essentiellement sur mon passé et donc sur mon enfance dans le New Jersey. Maintenant que j’habite à New York, je vais peut-être changer de sujet…ou pas.
Il y a un sentiment d’insouciance volontaire et maîtrisée qui se dégage de votre dernier album qui peut-être une vraie bouffée d’air dans des moments où on se sent dépassé par la vie.
Je suis très content que les gens ressentent ça en écoutant ma musique car justement, l’insouciance, la nonchalance sont des thèmes récurrents dans mes chansons. Je n’aime pas trop écrire sur mes traumatismes.
Oui, il y a un refrain, celui du morceau Green Aisles, qui pourrait presque être le manifeste de votre musique ? Tu dis : « All those wasted miles/All those aimless drives/Through green aisles/Our careless life style/It was not so unwise. » (Tous ces kilomètres perdus/Toutes ces virées sans buts/Au milieu de vertes allées/Notre vie d’insouciance/N’étaient pas si injustifiés)
C’est vrai que ce refrain reflète tout le contenu de l’abum. Cet état d’esprit correspond à une certaine période de ma vie, après le lycée, pendant laquelle j’ai dû prendre des décisions importantes, choisir si je voulais faire des études. Il y avait ce mélange de doute et d’inquiétude qui ne me quittait pas. Je vivais cette vie où jamais on ne me demandait de prendre de responsabilités et je me sentais presque coupable de ça. Et finalement, en y repensant, je sais que cette période a été très importante dans le développement de mon individu, c’est pour cela que je dis à la fin du refrain que ça n’était « pas si injustifiée ».
En général, les questions sur les noms de groupes ont peu d’intérêt, mais chez vous, c’est intéressant, car l’expression « real estate » (Immobilier) est un peu l’antithèse de votre musique. C’était ça la démarche, donnez un côté épique et sexy à cette expression ?
Je ne voulais pas avoir un nom de groupe trop cool en fait. J’ai l’impression qu’il y a des modes. Tout à coup, tu vas te retrouver avec dix groupes qui ont le mot « bear » ou « diamond » dans leur nom, c’est assez stupide. C’était donc ça la démarche, éviter le cool. Et l’histoire, c’est que j’ai fait des études dans l’immobilier et vendu des maisons pendant un temps car c’est ce que mes parents faisaient. C’est venu comme ça, mais je ne l’aimais pas du tout ce nom au début, je trouvais qu’il ne sonnait pas. Je voulais que le nom n’ait aucun rapport avec la musique et en y réfléchissant, si tu lui enlèves son sens, l’expression « real estate » a une jolie musicalité.
Je ne connais pas votre premier album, peux-tu en parler pour me donner envie de l’écouter ?
Cet album est beaucoup plus brut que le dernier, bien plus low-fi comme je te le disais. On a tout enregistré nous-mêmes, dans différents endroits, les chansons sont donc presque des démos. Par rapport au dernier qui est très homogène et que l’on joue comme tel en live, pour celui-là, on a parfois utilisé des boucles de batteries au lieu de véritables batteries acoustiques par exemple. Il est plus bizarre. Mais ça reste de la pop.
Bon, et sinon, d’après toi, c’est quoi un loyer abordable pour un deux pièces à Paris ?
Hhmm…je sais que c’est très cher. Euh…Tu vas me donner une réponse après j’espère ?…
Bien sûr !
Peut-être 1500 euros ?
0 commentaire